Secteur minier : ces pays minés par la réglementation
Selon une étude du cabinet Ernst & Young, les pays aux législations fluctuantes font fuir les investisseurs… et sont moins productifs.
Les groupes miniers investissant en Afrique sont d’abord sensibles à deux risques : l’instabilité politique et le nationalisme. L’étude du cabinet Ernst & Young sur l’attractivité de treize États africains montre que ceux qui ont rassuré sur ces deux points ont augmenté leur production de minerais. Leurs projets durant parfois des dizaines d’années, les groupes veulent une réglementation stable, même si elle implique un niveau de taxes élevé.
Exemple d’une politique minière jugée équilibrée par Ernst & Young : le Botswana, qui a opté pour une montée progressive de la participation de l’État dans les projets miniers (jusqu’à 40 %), sans pour autant faire fuir les investisseurs. Entre 2007 et 2010, ils ont déboursé environ 377 millions d’euros chaque année dans ce petit pays d’Afrique australe. La Zambie, en dépit de taxes minières élevées (notamment 10,4 % d’impôts sur la masse salariale), attire aussi les investisseurs : la production minière du pays a progressé de 15,7 % en 2011, un record sur le continent.
A contrario, les États où les changements de réglementation sont abrupts ou peu clairs rebutent. La Namibie, qui est en train de revoir sa politique minière, avec des taxes en forte hausse, accuse ainsi une production en baisse de 45 % en 2011. Le Zimbabwe, cauchemar des groupes internationaux avec ses nationalisations, a extrait 29 % de minerais de moins en 2010 qu’en 2009.
A la loupe
Quant aux deux pays francophones disposant des ressources les plus intéressantes selon les géologues, la Guinée et la RD Congo, ils n’ont pas encore réussi à percer. « Ils sont observés à la loupe par les groupes internationaux, mais sont considérés comme des zones d’exploration plus que d’exploitation », indique l’avocat sud-africain Otsile Matlou, du cabinet Edward Nathan Sonnenbergs. La RDC a attiré 5,4 milliards d’euros d’investissements directs étrangers (IDE) entre 2007 et 2010, mais cela n’a toujours pas entraîné un boom de la production minière (en baisse de 0,2 % en 2010). Malgré ses ressources, la Guinée n’a bénéficié que de 900 millions d’euros d’IDE entre 2007 et 2010.
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