Au Kenya, barricades, pneus enflammés et tirs à bars réelles lors de manifestations

À l’appel de Raila Odinga, chef de l’opposition, des manifestants se sont rassemblés pour une troisième journée de protestations. Ils accusent le président William Ruto d’être incapable d’agir contre l’inflation. Lors de précédents rassemblements dans l’ouest du pays, deux civils ont été tués.

Des manifestants dans le bidonville de Kibera, à Nairobi, au Kenya, le 30 mars 2023. © Yasuyoshi CHIBA / AFP.

Publié le 30 mars 2023 Lecture : 2 minutes.

Au Kenya, lors de la troisième journée de protestations contre le gouvernement et l’inflation, la situation semblait moins violente et moins tendue. Dans les bidonvilles de Nairobi densément peuplés de Kibera et Mathare, des jeunes ont dressé des barricades, enflammé des pneus et jeté des projectiles sur les policiers, vêtus de tenues anti-émeutes, qui ont tiré des grenades lacrymogènes. De très nombreux policiers patrouillent la capitale kényane, où la circulation apparaît moins dense que d’habitude.

À Kisumu, dans l’ouest du Kenya, fief de Raila Odinga, chef de l’opposition kényane, de petits groupes de manifestants ont allumé des feux au milieu de la route et jeté des pierres sur la police. Odinga a appelé à des manifestations bihebdomadaires contre le gouvernement – chaque lundi et jeudi –, accusant le président William Ruto, qui s’était présenté durant la campagne électorale comme le défenseur des opprimés, d’avoir « volé » la présidentielle d’août 2022, d’être « illégitime » mais aussi d’être incapable de juguler la flambée des prix. En février, l’inflation a atteint 9,2 % sur un an, les seuls prix alimentaires ayant augmenté de 13,3 %.

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« Les Kényans doivent obtenir justice. Nous ne céderons pas », les gouvernants « ont fait des promesses qu’ils n’ont jamais tenues », a-t-il martelé dans un quartier de l’est de Nairobi, devant une foule de jeunes dont certains agitaient des branchages feuillus pour montrer leurs intentions pacifiques. « Le coût de la vie augmente chaque jour et nous ne resterons pas silencieux. Nous disons à Ruto que les Kényans sont fatigués », a-t-il lancé à la foule de jeunes dansant, salué par de nombreux habitants à leur balcon. Un fort contingent de policiers anti-émeutes était déployé sur un grand axe de la capitale que doit traverser Odinga pour se rendre à sa prochaine étape annoncée.

Deux civils tués

Lors des deux précédentes journées, les manifestations – déclarées illégales par la police – avaient dégénéré. La police avait fait usage de canons à eau et tiré des grenades lacrymogènes, notamment contre le convoi de Raila Odinga et des véhicules de presse, mais aussi ouvert le feu à balles réelles.  Deux civils ont été tués – dans l’ouest du Kenya –, tandis que 51 policiers et 85 civils ont été blessés.

Lundi 27 mars, lors de la deuxième journée de protestation, une entreprise appartenant à Odinga à Nairobi a été saccagée et, dans les faubourgs de la capitale, quelque 2 000 pillards ont attaqué une exploitation agricole propriété de Uhuru Kenyatta, prédécesseur de William Ruto, qui a soutenu la candidature d’Odinga à la magistrature suprême, qui fut son vice-président durant ses deux mandats.

Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, avait exprimé mardi sa « profonde inquiétude à propos de la violence » au Kenya et exhorté « au calme » et au dialogue ». Le lendemain, le ministre de l’Intérieur kényan, Kithure Kindiki, a assuré que toute personne troublant l’ordre public ferait l’objet de poursuites « quel que soit le parti politique » auquel il se rattache, tout en dénonçant dans un communiqué « l’anarchie et la folie criminelle ».

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(avec AFP)

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