La Russie met la pression avant un nouvel accord sur les céréales ukrainiennes

Alors que l’Initiative céréalière de la mer Noire arrive à échéance à la mi-mai, Moscou menace de s’opposer à son renouvellement si ses exportations d’engrais sont toujours entravées.

 © Damien Glez

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Publié le 28 avril 2023 Lecture : 2 minutes.

Dans une crise ukrainienne mondialisée, le dossier de l’exportation des céréales symbolise à lui seul le bras de fer diplomatico-économique derrière le bras de fer militaire avec, en filigrane, les pays qui souffrent de la crise alimentaire, parmi lesquels des nations africaines.

Cinq mois après le début de l’invasion russe en Ukraine et la flambée consécutive des prix mondiaux des denrées alimentaires, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, avec l’intervention de la Turquie, obtenait que les navires de guerre de Moscou cessent d’« emprisonner » quelque 20 millions de tonnes de tournesol, maïs, blé et orge dans les ports ukrainiens.

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L’accord soulageait notamment des importateurs du Moyen-Orient et d’Afrique, alors que 44 millions de personnes de 38 pays étaient confrontées à des « niveaux d’urgence de la faim », selon Guterres. L’optimisme que l’accord inspira allait se heurter aux limites du calendrier : Vladimir Poutine ne réussira pas sa blitzkrieg et quinze mois après le début des hostilités, l’Initiative céréalière de la mer Noire doit être soumise à renouvellement, précisément le 18 mai…

Les conditions du Kremlin

Si la Russie a besoin d’envoyer des signaux bienveillants en direction d’une Afrique qui peut la soutenir – ou ne pas la honnir – dans les instances internationales, elle maintient la pression, à trois semaines de l’échéance.

Moscou entend s’opposer au renouvellement de l’accord si ses conditions ne sont pas retenues, ne serait-ce que partiellement : la levée des obstacles à ses exportations d’engrais, la reconnexion au système bancaire international Swift de la banque russe spécialisée dans l’agriculture Rosselkhozbank, la reprise des livraisons en Russie d’engins et pièces détachées agricoles, l’annulation des entraves pour l’assurance de navires et l’accès aux ports étrangers, le dégel d’actifs de sociétés russes liées au secteur agricole et la reprise du fonctionnement du pipeline Togliatti-Odessa.

Lors d’une conférence de presse, le 26 avril, l’ambassadeur russe auprès des Nations unies à Genève a déploré ne voir « aucun progrès réel » en la matière. Diplomate, Gennady Gatilov temporisait tout de même, soulignant que « l’ONU reconnaît qu’il y a des problèmes qui doivent être résolus » et « nous avons encore du temps ».

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En mars, Vladimir Poutine avait anticipé les réactions africaines en cas de blocage. Le président de la Fédération de Russie promettait de livrer l’Afrique en céréales si l’accord sur les exportations ukrainiennes n’était pas reconduit. Une manière de scinder l’éventuelle onde de choc. Selon les chiffres des Nations unies, seul un quart des exportations alimentaires de l’Ukraine est destiné aux pays les plus pauvres du monde, là où la moitié prend la direction de pays d’Europe occidentale…

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