En Algérie, cafouillage autour des bombardiers d’eau russes

Pour ne pas revivre les dramatiques incendies des étés précédents, six avions ont été commandés à un fournisseur russe. Face au retard de livraison, Alger doit trouver des solutions d’urgence.

Beriev Be-200 © DR

Publié le 5 mai 2023 Lecture : 3 minutes.

Après plusieurs étés consécutifs marqués par des incendies dramatiques, l’Algérie pensait être parée pour 2023. En effet, durant l’été 2021, elle avait annoncé officiellement la commande de quatre bombardiers d’eau au constructeur russe Beriev Aircraft Company : des appareils d’une capacité de 12 000 litres chacun, dotés d’une spécificité d’alimentation par l’eau de mer, le tout pour 240 millions de dollars (229 millions d’euros).

Pourtant cette semaine, on a appris que les autorités venaient d’entamer des démarches d’urgence pour l’affrètement (sous forme de location) de six avions anti-incendie chiliens – équipage compris. Des appareils d’une capacité de 3 000 litres qui seront livrés à partir du 15 juin. La confirmation que la commande faite à la Russie ne pourra pas être totalement honorée en 2023 est à l’origine de ce soudain empressement.

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Contrats en urgence

« Nous avons pu acquérir le moteur fabriqué en Ukraine et le transférer en Russie pour le montage », a précisé, le 2 mai, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Brahim Merad, confirmant que c’est la crise en Ukraine qui est à l’origine du retard dans la réception du premier avion. Lequel devrait bien être livré, mais sans doute bien après le début de la saison des incendies : ce n’est que fin avril que le fournisseur russe a diffusé des images du vol d’essai du Beriev Be-200, qui devait initialement atterrir en Algérie au mois de décembre 2022. Trois autres appareils devaient, théoriquement, être livrés au cours du premier trimestre 2023.

Face à ce retard imprévu, le chef de l’État Abdelmadjid Tebboune a décidé, lors du Conseil des ministres du 30 avril, de recourir en urgence à des contrats de location pour ne pas rééditer le raté dramatique de l’été 2021, quand l’Algérie s’est retrouvée démunie face aux gigantesques incendies. Des dizaines de milliers d’hectares de forêts ont été détruits dans 26 wilayas sur les 58 que compte le pays, entraînant la mort d’au moins 90 personnes, parmi lesquelles 33 militaires.

Cet été là, les autorités avaient pu compter sur le renfort de deux bombardiers d’eau français et d’un autre appareil espagnol. Arrivés le 12 août 2021, ceux-ci s’étaient révélés cruciaux dans la lutte contre les flammes. Toutefois, il est aujourd’hui exclu de demander l’aide de l’Espagne, le traité d’amitié qui liait les deux pays depuis vingt ans ayant été rompu le 8 juin 2022.

Dix pistes d’atterrissage

En plus d’anticiper les problèmes en misant sur les avions de fabrication russe, le choix de l’entreprise Beriev était motivé par la capacité de ses appareils à intervenir contre les incendies de forêt dans des conditions météorologiques extrêmes et complexes. Les autorités algériennes cherchaient des bombardiers d’eau adaptés à la topographie du pays, caractérisée par des zones difficiles d’accès pour les avions ordinaires.

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Faute de livraison dans les délais, et outre la location des appareils chiliens, le ministère de l’Intérieur prévoit de mobiliser 22 hélicoptères de la gendarmerie nationale, ainsi que quatre autres, de type Augusta, appartenant à la Protection civile, et six Mil MI26 russes fournis par le département de la défense nationale.

Le pays a également lancé les travaux de réalisation de dix pistes d’atterrissage à travers le pays, qui devraient être opérationnelles au début du mois de juin. 8 294 agents forestiers et 15 000 sapeurs pompiers couvriront les régions de l’Est, de l’Ouest et du centre du pays. 3 523 points d’eau sont prévus. Reste toutefois à parvenir à les alimenter, dans un contexte général de graves pénuries d’eau.

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