Au Sénégal, calme précaire après deux jours de violences

Les affrontements qui ont éclaté après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko ont fait 16 morts. Près de 500 personnes ont été arrêtées.

Dans une rue de Dakar jonchée de pierres et de débris, le 1er juin 2023. © JOHN WESSELS / AFP

Publié le 4 juin 2023 Lecture : 2 minutes.

Des heurts ont été signalés samedi 3 juin dans la banlieue de Dakar. Mais plusieurs quartiers qui avaient connus des accès de violence jeudi et vendredi dans la capitale sont restés calmes, le ministre de l’Intérieur soulignant « une baisse d’intensité » des manifestations.

Antoine Félix Diome a indiqué que les autorités avaient procédé à « environ 500 arrestations » depuis le début du mouvement contestataire. Certaines des personnes interpellées appartiennent à des formations politiques mais beaucoup n’ont pas d’appartenance partisane, a-t-il précisé.

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« Forces occultes »

Il a aussi affirmé que le Sénégal avait fait l’objet d’attaques « de forces occultes ». « Il y a de l’influence étrangère et c’est le pays qui est attaqué », a-t-il dit. « Des installations vitales pour le fonctionnement du pays » ont été prises pour cible pour provoquer « un chaos », a-t-il poursuivi, citant notamment une usine de production d’eau.

« Nous ne céderons pas à ces groupes ni à ces étrangers venus piller notre pays », a déclaré plus tôt dans la journée le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang. Les forces de sécurité restent omniprésentes dans la capitale. L’armée s’est déployée, comme la veille, autour de points stratégiques.

Depuis jeudi 1er juin, de nombreux biens publics et privés ont été saccagés et pillés, notamment des banques et des magasins Auchan dans la banlieue de Dakar. Certaines rues portent les stigmates des affrontements qui se sont déroulés pendant deux jours, avec des voitures calcinées, des pneus brulés et de gros cailloux qui jonchent les routes. Le bilan des violences s’élève à 16 morts, après le décès d’une nouvelle victime, samedi 3 juin.

Coupure de réseaux sociaux

Vendredi, la communauté internationale, des représentants d’associations et des stars de football comme l’attaquant vedette Sadio Mané ont appelé à la retenue et à cesser les violences dans le pays.

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Les États-Unis se sont dits samedi « préoccupés et attristés » par ces violences et ont appelé à un retour au calme. La veille, Paris avait appelé « à cesser les violences et à résoudre cette crise, dans le respect de la longue tradition démocratique du Sénégal ».

Plusieurs réseaux sociaux, comme Facebook, WhatsApp ou Twitter, étaient encore coupés samedi soir, une mesure du gouvernement pour faire cesser selon lui « la diffusion de messages haineux et subversifs ».

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Les Sénégalais retiennent leur souffle dans la crainte d’une arrestation de l’opposant Ousmane Sonko, candidat déclaré pour la présidentielle de 2024, et condamné jeudi à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse ».

Cette décision semble le rendre inéligible, mais Ousmane Sonko crie depuis le début de l’affaire à un complot du président Macky Sall pour l’éliminer politiquement.

« Séquestré »

Il se dit désormais « séquestré » dans sa résidence de Dakar par des forces de sécurité qui empêchent quiconque d’approcher. Il peut être arrêté « à tout moment », a prévenu le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall.

Son parti, le Pastef, a appelé « à amplifier et intensifier la résistance […] jusqu’au départ du président Macky Sall », dont il a accusé le régime « de dérives sanglantes et dictatoriales », vendredi dans un communiqué.

Pour le gouvernement, les événements de ces derniers jours ne sont pas « une manifestation populaire avec des revendications politiques », mais plutôt « des actes de vandalisme et de banditisme ».

(Avec AFP)

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