Au Burundi, le parti d’Agathon Rwasa suspendu

Le ministère de l’Intérieur évoque des « irrégularités » lors des derniers congrès du Conseil national pour la liberté (CNL). Le principal parti d’opposition du Burundi dénonce, lui, une volonté de l’affaiblir avant les législatives de 2025.

L’opposant Agathon Rwasa, le leader du Congrès national pour la liberté (CNL), en avril 2022, à Bujumbura. © Olivier Marbot pour JA

Publié le 7 juin 2023 Lecture : 2 minutes.

Le principal parti d’opposition au Burundi, le Conseil national pour la liberté (CNL), a vu ses activités suspendues par les autorités. Le ministère de l’Intérieur évoque des « irrégularités » lors de ses deux derniers congrès, a-t-on appris dans une lettre rendue publique le 6 juin.

La direction du parti a dénoncé « une violation grave de la Constitution » et « une tentative de déstabiliser et d’affaiblir le CNL » dans ce pays régulièrement pointé du doigt pour des atteintes aux droits humains. Cette décision fait suite à deux congrès – l’un ordinaire le 12 mars et l’autre extraordinaire le 30 avril – visant à doter le parti de statuts et règlements intérieurs conformes au nouveau découpage administratif du pays, qui sera effectif en 2025.

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« Ingérence des pouvoirs publics »

Ces réunions ont également vu huit cadres opposés au président du CNL, Agathon Rwasa, évincés du bureau politique. Ces derniers avaient porté plainte auprès du ministre de l’Intérieur, du Développement communal et de la Sécurité publique, Martin Niteretse, qui avait retoqué fin mai les décisions prises durant ces congrès.

Dans un courrier adressé à Agathon Rwasa daté du 2 juin et rendu public le 6, le ministre évoque des « irrégularités » par rapport aux statuts du CNL, qui prévoient notamment la tenue d’une réunion du bureau politique avant tout congrès. « Toutes les activités organisées par les organes irrégulièrement mis en place sont suspendues à travers le pays », conclut-il, précisant que « seules les réunions organisées dans le but de dénouer les tensions au sein du parti sont autorisées ».

Le secrétaire général du CNL, Simon Bizimungu, a dénoncé « une violation grave de la Constitution et de la loi sur les partis politiques qui interdit […] toute ingérence des pouvoirs publics dans le fonctionnement des partis ». « C’est une tentative de déstabiliser et d’affaiblir le CNL dans l’optique des législatives de 2025, a-t-il estimé. Il n’y a pas de tensions ni de contestation au sein du CNL. C’est juste un petit groupe de huit personnes contestataires qui n’a aucun poids, sauf le soutien des pouvoirs publics. »

Candidat à la présidentielle de 2020, Agathon Rwasa avait qualifié de « mascarade électorale » la victoire d’Évariste Ndayishimiye, qui a succédé à Pierre Nkurunziza. Depuis son accession au pouvoir, le président Ndayishimiye oscille entre signes d’ouverture du régime, qui reste sous l’emprise de puissants « généraux », et ferme contrôle du pouvoir marqué par des atteintes aux droits humains dénoncées par des ONG et l’ONU.

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(avec AFP)

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