En Tunisie, le journaliste Zied El Heni remis en liberté

Arrêté le 20 juin pour avoir moqué sur les ondes le délit d’outrage au chef de l’État, le journaliste a été libéré aujourd’hui, et annonce son intention de reprendre immédiatement ses émissions.

Zied El Heni juste après sa libération, à Tunis, le 22 juin 2023. © FETHI BELAID/AFP

Publié le 22 juin 2023 Lecture : 2 minutes.

Le journaliste tunisien Zied El Heni, réputé pour ses chroniques à la radio et arrêté mardi pour avoir dénoncé un article du code pénal relatif aux cas d’outrage au chef de l’État, a annoncé lui-même, le 22 juin au matin, sa remise en liberté. À sa sortie du tribunal, Heni, 59 ans, a déclaré devant les médias avoir « rencontré ce matin le substitut du procureur général adjoint qui a décidé de me laisser en liberté ». Mais « les investigations se poursuivent », a-t-il dit.

Il avait été interpellé mardi soir, quelques heures après avoir commenté sur un ton moqueur un article du code pénal relatif au crime d’outrage au chef de l’État, en l’occurrence le président Kaïs Saïed, dans une émission matinale de la radio privée IFM. L’article en question prévoit une peine pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement pour quiconque « se rend coupable d’offense contre le chef de l’État ».

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À ce propos, le journaliste a souligné qu’il ne s’agissait que d’« une discussion autour de l’article 67″ sur l’outrage au président. « Je n’ai porté atteinte à personne », a-t-il dit, soulignant que les médias « ne sont pas concernés par cet article » et ne sont « passibles que d’amendes pour les délits de presse et pas de peines de prison ».

Rappelant avoir été emprisonné sous la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali et avoir eu aussi des ennuis judiciaires avec le mouvement islamo-conservateur Ennahdha en 2013, quand celui-ci dominait le Parlement et les coalitions gouvernementales, il a ajouté : « S’ils pensent pouvoir me faire taire, ils se trompent. »

« Dénoncer le coup d’État »

Dès ce vendredi, il reprendra ses chroniques à la radio : « Je continuerai d’être critique pour défendre la démocratie et la liberté, et dénoncer le coup d’État », a-t-il dit à propos du coup de force du 25 juillet 2021, quand le président Saïed s’est octroyé tous les pouvoirs. « Kaïs Saïed mène le pays vers la dictature, il est en train de nous déshabiller, pièce par pièce », a-t-il dit, à propos des changements institutionnels décidés par le chef de l’État depuis deux ans. Selon le journaliste, « certains ne s’en rendent pas compte et pensent “un pull, ce n’est pas grave”, mais à l’arrivée, on leur demandera d’enlever leur pantalon ».

En mai, des journalistes tunisiens avaient manifesté pour dénoncer la politique « répressive » du pouvoir qui instrumentalise, selon eux, la justice pour intimider et soumettre les médias. Selon le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), une vingtaine de journalistes sont poursuivis par la justice pour leur travail. Des ONG locales et internationales dénoncent un recul des libertés en Tunisie depuis que le président Saïed s’est arrogé les pleins pouvoirs.

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(avec AFP)

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