Les humanitaires en alerte après l’expulsion des ONG du Darfour

Les organisations humanitaires de l’est tchadien se préparent pour un afflux potentiel d’hommes, de femmes et d’enfants venus du Darfour, après l’expulsion, par le gouvernement soudanais, des organisations non-gouvernementales (ONG) qui fournissaient de l’eau, des vivres et des soins de santé à plusieurs millions de personnes, dans la région.

Publié le 11 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

  Le 4 mars, le Soudan a ordonné l’expulsion de 13 organisations humanitaires du Darfour, après l’émission d’un mandat d’arrêt contre le président soudanais Omar el-Béchir par la Cour pénale internationale. Les agences des Nations Unies et les ONG de l’est du Tchad doivent se réunir le 11 mars pour finaliser leurs estimations chiffrées en vue d’un afflux de population potentiel, a déclaré à IRIN David Cibonga du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à Abéché, dans l’est tchadien. Face à la rareté des ressources naturelles telles que l’eau ou le bois dans l’est du Tchad, les organisations humanitaires, qui aident un quart de million de réfugiés soudanais, quelque 160 000 déplacés tchadiens et les populations de la région, sont déjà mises à rude épreuve. " [Un afflux important] poserait de vraies difficultés, compte tenu, surtout, des ressources naturelles limitées ", a déclaré à IRIN Pauline Ballaman, responsable urgence d’Oxfam Intermon au Tchad. " L’eau est une denrée rare dans l’est du Tchad, tout comme le bois et les sites éloignés de la frontière, où reloger les réfugiés ". Les ONG qui opèrent dans l’est du Tchad ont expliqué à IRIN qu’elles revoyaient leurs réserves de prévoyance et définissaient actuellement leurs besoins potentiels en termes de personnel et de fonds. " Si les populations des camps de l’ouest du Darfour sont privées d’une aide essentielle, on ne peut pas exclure la possibilité qu’elles se déplacent dans l’est du Tchad ", a estimé Philippe Conraud d’Action contre la faim, un des organismes expulsés du Darfour, qui opère au Tchad. " Mais il est bien trop tôt pour dire [si cela va arriver ou non] ". Selon Kurt Tjossem, directeur régional Corne de l’Afrique et Afrique de l’Est à l’International Rescue Committee, l’expulsion des organisations humanitaires " décime " l’effort humanitaire au Darfour. " A mesure que de moins en moins de services vitaux sont offerts dans certains camps, les gens vont probablement commencer à chercher de l’aide ailleurs. Au début, les familles se déplaceront peut-être relativement près, vers d’autres camps où ces services sont encore proposés, mais il est également possible que les réfugiés partent plus loin et traversent les frontières ". L’IRC travaille également dans les camps de l’est du Tchad, où il déploiera, si nécessaire, les services de santé, d’approvisionnement en eau et d’assainissement proposés, selon M. Tjossem. Le 10 mars, aucun déplacement transfrontalier de population soudanaise n’avait été signalé au Tchad, selon les responsables humanitaires. Toutefois, d’après les travailleurs humanitaires du Darfour, une fois que les réserves des camps seront épuisées, les populations risquent de quitter les lieux. " Les populations n’auront guère de raison de rester ; elles partiront là où elles pourront trouver mieux ", a commenté un travailleur humanitaire international qui a travaillé dernièrement dans les camps de l’ouest du Darfour. " Si vous n’aviez ni vivres, ni eau, ni soins de santé, que feriez-vous ? Sans l’aide la plus essentielle, il n’y aura pas de raison de rester ", a déclaré un travailleur humanitaire, sous couvert de l’anonymat. " Nous dépendons des organisations humanitaires pour avoir de quoi manger, de l’eau et des soins quand nous tombons malades. Si elles partent, qu’est-ce qui va nous arriver ? ", a déclaré à IRIN un déplacé du camp d’Abu Shouk, dans l’ouest du Darfour.

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