Les prix flambent en Guinée depuis les violences

Les prix des principales denrées alimentaires ont gagné entre 15 et 40% en Guinée. Cette hausse vient s’ajouter à une situation déjà tendue.

Publié le 31 octobre 2009 Lecture : 3 minutes.

Les prix du riz, du sucre, de l’huile et d’autres denrées essentielles ont fortement augmenté ces dernières semaines à Conakry, la capitale guinéenne, toujours sous tension un mois après la répression militaire meurtrière contre des civils.

« J’ai failli pleurer l’autre jour quand je suis arrivée au marché et que je me suis rendue compte que ne pouvais presque rien acheter avec mes 20 000 francs guinéens [quatre dollars] », a dit une femme de Ratoma, l’une des cinq communes de Conakry, qui souhaite garder l’anonymat. Elle a ajouté que cette somme lui permettait auparavant d’acheter des ingrédients comme du poisson et des condiments pour préparer le plat de riz quotidien.

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+40% pour le sucre

Au cours des trois à quatre dernières semaines, le prix d’un sac de riz de 50 kilos a augmenté de plus de 25 pour cent, celui d’un kilo de sucre d’environ 40 pour cent et celui d’un bidon de 20 litres d’huile de cuisson de 15 pour cent, selon un commerçant de Conakry, qui en a attribué la responsabilité en partie à la dévaluation de la devise guinéenne.

Les habitants de Conakry étaient déjà confrontés à la hausse mondiale des prix des denrées alimentaires qui a affecté la région en 2008.

Depuis la répression du 28 septembre, la valeur du franc guinéen a chuté, a dit un changeur de Conakry à IRIN. Auparavant, il fallait 650 000 francs guinéens pour obtenir 100 euros. Maintenant, il en faut environ 870 000 pour la même somme, a-t-il ajouté.

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En temps normal, environ 6,4 pour cent des quelque 1,6 million d’habitants de Conakry n’ont pas les moyens de se procurer les denrées alimentaires nécessaires pour satisfaire leurs besoins quotidiens, selon une étude sur la sécurité alimentaire réalisée en juillet à Conakry par le Programme alimentaire mondial (PAM) et le gouvernement guinéen.

Ratoma – ainsi que Matam et Dixinn – sont les communes les plus durement touchées de la capitale, a révélé l’étude.

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Elle a également mentionné la pauvreté, le niveau d’éducation et la situation sanitaire comme étant les trois facteurs les plus probables de l’insécurité alimentaire à Conakry.

« À Conakry, les causes sont structurelles, mais la crise politique vient aggraver la situation », a dit un responsable des Nations unies qui a demandé l’anonymat.

Chute du commerce

D’après des commerçants, depuis le 28 septembre, les craintes liées à l’insécurité ambiante limitent les déplacements de ceux qui doivent voyager à l’intérieur du pays pour se procurer des marchandises.

Le commerce et d’autres activités ont également été interrompus par les troubles, les journées de deuil national et les grèves générales orchestrées par des organisations de la société civile.

Malgré les vastes richesses naturelles du pays, les Guinéens font partie des populations les plus pauvres au monde. La plupart d’entre eux n’ont pas les moyens de faire des réserves de nourriture. La Guinée se classe au 170e rang sur 182 selon l’indice de développement humain (IDH) des Nations Unies et au 129e rang sur 135 selon l’indice de pauvreté humaine (IPH), qui évalue la proportion de population capable de mener une vie saine et d’accéder à l’éducation.

« Mon mari a un emploi, mais avec l’inflation, le peu qu’il gagne ne sera pas suffisant pour couvrir nos besoins alimentaires à long terme et les frais de scolarité de notre fille [de sept ans] », a dit la femme de la commune de Ratoma. Elle a ajouté connaître de nombreuses familles qui attendent, depuis le début de l’année scolaire, le 19 octobre, d’avoir les moyens de renvoyer leurs enfants à l’école.

Elle a raconté que dans les bons jours, elle était parfois capable de donner du jus de fruit à sa fille pour l’école. « Elle continue de nous demander du jus, mais pour l’instant je ne peux lui donner qu’un bout de pain et un peu de beurre ».

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