Des boucles d’oreille pour décourager la violence contre les enfants ?

De plus en plus d’affaires de trafic et de maltraitance d’enfants sont signalées dans les régions de Gulu, Kitgum et Pader, dans le nord de l’Ouganda, selon les autorités. La région est principalement peuplée de populations déplacées à l’intérieur de leur propre pays, qui se remettent de plus de 10 années de guerre.

Publié le 1 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

« Les gens profitent de la pauvreté des parents [personnes déplacées]. Les parents se voient promettre de l’argent et une vie décente pour leurs enfants, mais les enfants finissent malheureux … et maltraités », a expliqué à IRIN Johnson Kilama, agent de liaison régional de la police.

Selon M. Kilama, les trafiquants emmènent les enfants hors de la région, après leur avoir fait croire qu’ils pourraient travailler en ville, comme baby-sitters ou comme domestiques dans des familles riches.

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En 2008, huit enfants ont été portés disparus à Kitgum et Pader ; à ce jour, ils n’ont toujours pas été retrouvés. Environ 23 enfants, qui habitaient dans trois camps de personnes déplacées de Gulu, sont tombés aux mains des trafiquants ; ils ont été retrouvés, la même année, dans la région de Mukono (est).

Certains enfants finissent par être victimes de sacrifices humains, selon M. Kilama. Gulu est déjà aux prises avec ce vice.

David Abonga, un habitant du camp de personnes déplacées d’Awach, à Gulu, est traumatisé depuis le meurtre, le 14 avril, de son fils d’un an et demi, victime semble-t-il d’un sacrifice humain.

« J’ai quitté la maison vers 10 heures du matin pour faire paître mon bétail. Mon fils jouait et sa mère se préparait à laver des vêtements », a raconté M. Abonga à IRIN, le visage mouillé de larmes. « Quand je suis rentré [à la maison] le soir, mon fils avait disparu ».

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Après avoir cherché son fils, en vain, M. Abonga a dû faire appel aux autorités locales, a-t-il expliqué. Le cadavre mutilé de son fils a été retrouvé par la suite dans l’Abera, une rivière située près de là. Un sorcier de la région, âgé de 70 ans, a été arrêté dans le cadre de l’affaire.

Rapts d’enfants

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Des écoliers dans le nord de l’Ouganda : selon les autorités, de plus en plus d’affaires de traite et de maltraitance d’enfants sont signalées dans les régions de Gulu, Kitgum et Pader (photo d’archives) Des cas de rapts d’enfants ont également été signalés dans les hôpitaux, les jardins d’enfants et autres crèches de Gulu, qui ont suscité des appels en faveur d’un renforcement des mesures de sécurité et d’un durcissement de la loi. « Nous appelons à l’adoption de mesures strictes et à l’imposition de sanctions plus sévères à l’encontre des coupables, afin de dissuader d’autres personnes d’infliger des maltraitances aux enfants », a indiqué Joseph Kilama, officier de probation dans la région de Gulu.

Dernièrement, Benjamin Odoki, président de la Cour suprême ougandaise, a exhorté les tribunaux à condamner à des peines plus lourdes les individus reconnus coupables de maltraitance d’enfants.

En attendant, les parents du nord du pays se sont mis à faire circoncire leurs enfants et à leur faire porter des boucles d’oreille pour dissuader les éventuels auteurs de violences. « J’ai entendu dire que les sorciers ne voulaient pas d’enfants circoncis, ni d’enfants portant des boucles d’oreille », a expliqué à IRIN Lukwayi Ayot, un habitant de la région. « J’ai décidé de faire circoncire mes deux fils ». Les écoles ont elles aussi adhéré à cette pratique, a noté Ayot, un enseignant de la région. « Nous n’interdisons à aucun enfant de porter des boucles d’oreille à l’école ?…? pour les protéger ».

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