La RDC fait le pari du train pour exporter son cuivre vers l’Angola

Luanda et Kinshasa ont accordé à un groupe d’investisseurs une concession de 30 ans pour exploiter la ligne reliant le port angolais de Lobito à Kolwezi, au cœur de la région productrice de minerais en RDC.

La ligne ferroviaire de Benguela relie le port de Lobito, en Angola, au réseau ferroviaire du Katanga, en RDC, détruit pendant la guerre civile. © DR

Publié le 12 juillet 2023 Lecture : 2 minutes.

L’Angola et la RDC ont décidé de rénover une ligne de chemin de fer reliant les régions minières congolaises à l’Océan Atlantique dans l’espoir de relancer les exportations de minerais, et leurs économies.

Luanda et Kinshasa ont accordé à un groupe d’investisseurs une concession de 30 ans pour exploiter la ligne reliant le port angolais de Lobito à Kolwezi, au cœur de la région productrice de minerais, et notamment de cuivre, en RDC. En partie financé par les États-Unis, ce projet d’un coût de 555 millions de dollars devrait permettre de développer l’exportation de minerai de cuivre, le commerce régional et de resserrer les liens de l’Angola avec les pays occidentaux.

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Jusqu’en Zambie

Le consortium, qui comprend le trader de matières premières Trafigura et l’entreprise de construction portugaise Mota-Engil, espère ramener à moins de 36 heures le temps de trajet entre la RDC et Lobito, avec au moins six trains par jour d’ici les cinq prochaines années. Pour y parvenir, il compte investir quelque 455 millions de dollars en Angola, y compris en achetant plus de 1 500 wagons ou locomotives, en réparant les ponts ou les voies.

Une autre enveloppe de quelque 100 millions de dollars ira en RDC et le consortium n’exclut pas de prolonger la voie jusqu’en Zambie.

La moitié de ces sommes sera financée par le DFC, l’International Development Finance Corporation, une agence gouvernementale américaine. Ce financement intervient au moment où la Chine et les États-Unis se livrent à une compétition sur le sol africain pour s’assurer un accès aux ressources naturelles. Il marque aussi un changement dans la diplomatie angolaise. Ce pays riche en pétrole entretient de longue date des liens étroits avec la Chine et la Russie.

Vestige colonial

S’étendant sur environ 1 700 km, cette ligne de chemin de fer a été construite il y a 100 ans par des investisseurs britanniques.

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Mais la partie angolaise de la ligne a été fermée au plus fort de la guerre civile qui a ravagé le pays entre 1975 et 2002, puis laissée à l’abandon. Reconstruite par une société chinoise, elle a rouvert en 2015, mais le trafic n’a jamais vraiment repris, avec environ un train toutes les deux semaines, selon Vecturis, l’opérateur belge qui la gère et fait aujourd’hui partie de la nouvelle concession.

La partie congolaise qui remonte à l’époque coloniale a été peu entretenue, selon Marcel Lungange, chargé des infrastructures auprès de la SNCC, la compagnie nationale des chemins de fer de la RDC. « Nous avons en moyenne trois déraillements par jour en raison de la vétusté des voies ferrées, nos locomotives roulent dans beaucoup d’endroits à 2 km/h », explique-t-il.

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Ports saturés

Face à cette situation, les compagnies minières préfèrent transporter le minerai par la route vers Lobito et d’autres ports souvent saturés en Tanzanie, Kenya, Mozambique ou Afrique du Sud, mais ce transport très coûteux prend des semaines.

Or, avec une demande pour certains minerais essentiels pour la transition énergétique, qui devrait quadrupler d’ici à 2040, selon l’Agence internationale de l’énergie, de nouvelles routes d’exportation sont indispensables, selon Louis Watum, président de la Chambre des mines de RDC.

La RDC est le premier producteur mondial de cobalt et le premier producteur africain de cuivre, deux minerais utilisés dans la fabrication de panneaux solaires ou de voitures électriques.

(Avec AFP)

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