L’accord céréalier au cœur d’une nouvelle épreuve de force entre Poutine et Zelensky

C’est le 17 juillet qu’expire, à nouveau, l’accord sur les céréales ukrainiennes. Nouvelle occasion d’un bras de fer (diplomatique) dans le bras de fer (militaire), dont les conséquences pour l’Afrique risquent d’être très lourdes.

© Damien Glez

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Publié le 17 juillet 2023 Lecture : 2 minutes.

Soucieux de ne pas froisser l’Afrique, à quelques encablures du Forum économique et humanitaire Russie-Afrique et du sommet sud-africain des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), le Kremlin décrypte, à l’avantage de l’amitié russo-africaine, les tensions qui accompagnent chaque renouvellement d’un accord qui permit de sortir des millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens via la mer Noire, et ceci en dépit du conflit en cours. Alors que la nouvelle date d’expiration dudit principe est ce 17 juillet à 21 heures GMT, le pouvoir russe, premier responsable formel d’une éventuelle suspension, justifie la tentation du boycott par une empathie présumée pour le « continent noir ».

Après un appel téléphonique de Vladimir Poutine à son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa, un communiqué a estimé, le 15 juillet, que le principal objectif de l’accord sur les productions ukrainiennes n’avait pas été réalisé : « La livraison de céréales aux pays dans le besoin, notamment sur le continent africain. »

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Bataille de chiffres

À la communauté internationale, le Kremlin affirme que « seulement 3 % » des exportations concernées seraient envoyés au pays en voie de développement. Un chiffre que contestent les Nations unies, même si le Centre de coordination conjointe (JCC) chargé de l’accord international confirme que la Chine, la Turquie et les « économies développées » sont les premières bénéficiaires des cargaisons concernées.

L’ONU argumente d’abord que le déblocage de la route des exportations maritimes a permis au Programme alimentaire mondial (PAM) de soulager une dizaine de pays en situation critique, notamment le Soudan et la Somalie. Elle ajoute surtout qu’il n’est pas seulement question de la destination des quantités exportées…

Sans l’application de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, le gap sur le marché mondial devrait conduire à une nouvelle envolée des prix des denrées, ce qui accentuerait la crise alimentaire de pays africains qui, pourtant, n’auraient effectivement pas été destinataires des cargaisons. Le 14 juillet, en exhortant la Russie à reconduire l’accord, le secrétaire d’État américain Antony Blinken anticipait, dans le cas contraire, une « aggravation de la pénurie alimentaire ».

Derrière le chaud et le froid soufflés ces dernières semaines par le président Vladimir Poutine, précisément sur ce dossier, se dessine clairement une bataille de communication qui dépasse les purs enjeux économiques et militaires. En dramatisant ou dédramatisant les répercussions, sur l’Afrique, d’une levée de l’accord, chaque camp cherche à s’accorder les bonnes grâces des pays africains. C’est ainsi depuis le début d’une guerre Russie-Ukraine dont peu de belligérants avaient anticipé la durée. Renouvelé ou pas, l’accord sur les céréales ukrainiennes pourrait rester au cœur des discussions à venir, de période de six mois en période de six mois…

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