Au Cameroun, Samuel Eto’o à nouveau en pleine tourmente

Alors que la signature d’un contrat entre le site de paris sportifs 1XBet et la Fecafoot continue à faire des remous, la divulgation d’une série d’enregistrements téléphoniques affaiblit un peu plus le président de la fédération.

L’ancien attaquant camerounais et président de la Fecafoot, Samuel Eto’o, durant un match de Série A, à Milan, le 4 mars 2022. © Giuseppe Maffia/NurPhoto via AFP

L’ancien attaquant camerounais et président de la Fecafoot, Samuel Eto’o, durant un match de Série A, à Milan, le 4 mars 2022. © Giuseppe Maffia/NurPhoto via AFP

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Publié le 20 juillet 2023 Lecture : 3 minutes.

« Il y a des choses que l’on peut faire, mais tu dois rester très discret, bro [frère]. » Depuis le 18 juillet, une série d’enregistrements, présentés comme des appels entre Samuel Eto’o, le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), et son ami Valentine Kwain, le patron du club du Victoria United d’Opopo, enflamment les réseaux sociaux camerounais.

Dans ces audios, qui dateraient de l’après-match opposant le Victoria United et le Tonnerre Kalara Club, en janvier, la voix attribuée au président de la Fecafoot promet à son interlocuteur, qui était entré sur le terrain pour suspendre le match alors que son équipe était mené 1-0 : « Opopo doit monter en première division. C’est notre objectif. C’est notre fédération. Nous sommes quatre : toi et deux autres personnes. Le Victoria United va monter. » Et d’ajouter qu’il rencontrera le président de la commission de nomination des arbitres pour s’en assurer.

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« Un faux grossier »

Pour « arranger les choses », poursuit la voix, Samuel Eto’o invite Valentine Kwain, suspendu par la commission fédérale d’homologation et de discipline à l’issue de l’incident, à le rencontrer discrètement à Yaoundé, le 4 janvier, afin de concrétiser leurs plans. Depuis, le Victoria United – jusque-là huitième du classement de deuxième division – n’a pratiquement plus perdu de match et est monté en championnat MTN Elite 1. Quant à la majorité des équipes adverses, elles ont reçu des avertissements, des suspensions ou encore des pénalités pécuniaires.

Jointe par Jeune Afrique, une source très proche du président de la Fecafoot affirme que ces enregistrements explosifs sont « un faux grossier ». « On ne commente pas ce qui est faux et qui n’existe pas. Il s’agit d’une chasse à l’homme organisée de façon professionnelle, méthodique et diaboliquement méticuleuse contre le président Eto’o », indique-t-elle.

Il n’empêche. Cette affaire gênante renforce les soupçons de corruption et de favoritisme qui pèsent déjà sur le président de la Fecafoot. En juin, une plainte pour matchs truqués, corruption aggravée, manipulation de matchs, incitation à la haine et à la violence, atteintes à l’intégrité morale et physique et propagation de fausses informations a été déposée par une association de clubs amateurs camerounais contre Eto’o et Kwain auprès des comités d’éthique de la Fecafoot, de la Confédération africaine de football (CAF) et de la Fédération internationale de football (Fifa). Pour les adversaires du président de la fédération, ces enregistrements sont de nouvelles pièces à conviction dans leur dossier d’accusation.

Critiqué par son ex-vice président

Depuis l’exclusion d’Henri Njalla Quan, ancien vice-président de la fédération, au début de ce mois de juillet, les tensions sont montées d’un cran. L’ancien dirigeant, qui n’a pas digéré sa mise à l’écart, multiplie les critiques contre Samuel Eto’o, lui imputant notamment l’entière responsabilité de la radiation d’André Onana, ex-gardien de la sélection nationale, lors de la dernière édition de la Coupe du monde au Qatar.

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L’ex-collaborateur de Samuel Eto’o a aussi vivement déploré la gestion du paiement des joueurs par la Fecafoot. Des accusations qui ont suscité l’ire de l’ex-goléador camerounais, qui assure avoir toujours procédé aux paiements prévus. « De quel football, de quelle gestion, de quel mensonge parlons-nous ? […] Le chantage et autres n’ont plus leur place. Les employés de la fédération sont payés, a répondu l’ancien attaquant du Barça. N’oublions pas que vous [ses pourfendeurs] étiez à genoux, et que la seule chose qui vous préoccupait était votre carrière, pendant que nous nous efforcions de réussir pour 28 millions de Camerounais. »

Les salaires de la controverse

Si les propos d’Henri Njalla Quan avaient la moindre « crédibilité », dénonce Eto’o, il n’aurait pas été « suspendu de toute activité liée au football pour une durée de dix ans » par la commission de discipline de la Fecafoot. « Ce n’est pas normal que certains présidents de clubs, qui par ailleurs perçoivent des fonds de transferts de joueurs, ne paient pas les salaires. L’argent de la fédération ne servira pas à l’enrichissement de quelques-uns », a t-il conclu.

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Habitué au silence, le pichichi est sorti de sa réserve à l’issue d’une conférence de presse, le 18 juillet. Il a annoncé un don de 6,5 millions de dollars à la Fecafoot – une somme qui servira à construire des stades et à accompagner les actions de promotion du football du gouvernement. Un geste qui est, selon lui, la preuve de sa bonne gestion de la fédération.

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