Au Sénégal, les députés suppriment définitivement la CREI

La Cour de répression de l’enrichissement illicite, qui avait condamné Karim Wade en 2015, n’a pas, selon le gouvernement, permis d’endiguer la criminalité économique et financière.

Macky Sall lors du Conseil des ministres, le 5 juillet. © DR

Publié le 21 juillet 2023 Lecture : 2 minutes.

Les députés sénégalais ont adopté jeudi soir la loi supprimant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Cette juridiction ad hoc créée en 1981, sous Abdou Diouf, et ressuscitée par Macky Sall en 2012 après trente années de mise en sommeil, cédera la place à un pool judiciaire financier (PJF) comprenant notamment un parquet « spécialement compétent » sur la criminalité financière et formé de magistrats spécialisés. Le projet de loi a été approuvé par plus de 120 députés sur les 165 que compte l’Assemblée nationale.

Le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, a salué « un progrès juridictionnel » avec le PJF, un nouveau dispositif qui « modernise » la lutte contre la criminalité financière, laquelle « s’est complexifiée ». D’où, selon lui, les « difficultés » rencontrées par la CREI en raison d’un manque « de ressources humaines, de moyens et de magistrats spécialisés ». La nouvelle loi doit encore être promulguée par Macky Sall.

la suite après cette publicité

« Justice politique »

La quasi-totalité des députés intervenus se sont réjouis de la suppression de la CREI. Ceux de l’opposition ont critiqué une cour qui rendait une « justice politique », utilisée pour « mater des opposants », ce que nient les autorités.

Certains parlementaires sont longuement revenus sur le cas de Karim Wade, empêché de participer à l’élection présidentielle de 2019 à cause de sa condamnation pour enrichissement illicite. Le fils de l’ex-président Abdoulaye Wade avait été condamné en 2015 à six ans de prison ferme. Ministre d’État de 2010 à 2012, il avait été gracié en 2016 par le président sénégalais mais reste exilé au Qatar.

Deux décisions en 11 ans

Macky Sall, élu en 2012 pour sept ans puis réélu en 2019 pour cinq ans, avait déclaré début juillet n’être pas candidat à la présidentielle de 2024. Il avait aussi annoncé que l’Assemblée nationale serait saisie d’une réforme du code électoral visant plusieurs dispositions entraînant l’inéligibilité – laquelle permettra à Karim Wade et Khalifa Sall de ne pas risquer de voir leur candidature au scrutin présidentiel de 2024 invalidée, comme ce fut le cas en 2019.

La CREI a été maintes fois critiquée par des défenseurs des droits humains qui lui reprochaient notamment l’impossibilité de faire appel de ses décisions. En onze ans, elle n’aura prononcé que deux condamnations : celle de Karim Wade et celle de l’ancien directeur du Cadastre, Tahibou Ndiaye, à cinq ans de prison ferme, lui aussi en 2015.

la suite après cette publicité

(Avec AFP)

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires