Au sommet Russie-Afrique, le langage sahélien des boubous et des treillis

Si Assimi Goïta et Ibrahim Traoré ont affiché leurs convergences de vue diplomatiques et sécuritaires, les deux présidents ont fait des choix vestimentaires fort différents…

© Damien Glez

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Publié le 28 juillet 2023 Lecture : 2 minutes.

Les aficionados de la junte burkinabè en avaient rêvé, brandissant régulièrement des portraits d’Ibrahim Traoré et de Vladimir Poutine, sur la place de la Nation. Le photocall du « festival » afro-russe de Saint-Pétersbourg l’a fait. Jeudi soir, les réseaux sociaux surchauffaient, au pays des Hommes intègres, sous la viralité du cliché des chefs d’État russe et burkinabè se serrant la main. De nombreux internautes se félicitaient d’avoir enfin « trouvé leur fond d’écran »…

Dès sa descente d’avion en Russie, le Malien Assimi Goïta avait, lui, choisi l’option vestimentaire du boubou bleu ciel et du bonnet blanc. Colonel à qui l’on prête des ambitions présidentielles, le chef de la transition malienne n’avait réservé, jusque-là, les tenues civiles qu’à des circonstances rares, plutôt spirituelles –lors des célébrations de fêtes religieuses– ou domestiques, comme lorsqu’il recevait l’activiste Kemi Seba.

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Au-delà du bazin bien naturel pour un natif de Bamako, le souci du relooking saint-pétersbourgeois ne pouvait pas passer inaperçu. Primo, la barbe habituellement fournie de Goïta avait été savamment débroussaillée, pour en faire un fin collier. Secundo, la poignée de main express avec le chef du Kremlin inspira le port d’un costume sombre et d’une cravate. Tenue trop « occidentalisée » pour un africaniste ? Un adage dit qu’à Rome, il faut « faire comme les Romains » et Poutine ne portait pas d’ouchanka traditionnelle russe…

Le pistolet de Sankara

Sur la même trajectoire politique que son voisin malien, le responsable de la transition burkinabè savait que son équation vestimentaire n’était pas tout à fait la même. En septembre 2022, pour la première fois, son prédécesseur putschiste Paul-Henri Sandaogo Damiba cédait à la tentation du costume bleu nuit, de la chemise blanche et de la cravate bleue ciel, à la tribune de la 77e Assemblée générale des Nations Unies. Il sera raillé puis… destitué quelques jours plus tard. IB est-il superstitieux ?

Deux semaines à peine après son putsch contre Damiba, Traoré était récipiendaire du « flambeau de la révolution », au Mémorial Thomas Sankara de Ouagadougou. Or, la quête de filiation avec la légende révolutionnaire des années 80 enseigne que « Thom’ Sank’ » tenait à ses tenues de capitaine, même en déambulation au cœur des pince-fesses internationaux.

Au sommet de Vittel d’octobre 1983, Sankara avait même insisté pour garder une arme à la ceinture, contre les règles élémentaires du protocole de ce genre d’événement. Encore président de Haute-Volta, il prisait notamment un pistolet à crosse de nacre offert par Kim Il-sung. Quarante ans plus tard, le Burkina Faso d’Ibrahim Traoré rétablissait ses relations diplomatiques avec la Corée du Nord. « IB », pourtant, aux côtés de Vladimir Poutine, ne portait aucune arme apparente…

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