En Centrafrique, un référendum constitutionnel sans suspense ?

Les Centrafricains se sont prononcés dimanche 30 juillet par référendum sur un projet de nouvelle Constitution, qui devrait permettre au président Faustin-Archange Touadéra de briguer un troisième mandat.

Lors de dépouillement, après le vote sur le référendum constitutionnel en Centrafrique, le 30 juillet 2023. © Barbara DEBOUT / AFP

Publié le 31 juillet 2023 Lecture : 2 minutes.

L’affluence était faible ce dimanche dans les bureaux de vote, pour ce scrutin devant permettre au président de se maintenir au pouvoir. Les résultats provisoires doivent être publiés sous huit jours, avant que la Cour constitutionnelle ne proclame les scores définitifs le 27 août. Mais il fait d’ores et déjà peu de doute que le « oui » l’emportera.

« Nous savons que le oui va l’emporter, mais nous mettons l’accent sur la participation », a de son côté déclaré Évariste Ngamana, vice-président de l’Assemblée nationale et porte-parole de la majorité présidentielle.

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Le président Faustin-Archange Touadéra est venu déposer son bulletin dans la matinée au Lycée Barthélémy Boganda, dans le centre-ville de Bangui, se contentant d’appeler les citoyens à voter « selon leurs convictions ». Élu en 2016, le chef de l’État a été réélu en 2020 à l’issue d’un scrutin perturbé par les groupes armés rebelles et entaché d’accusations de fraude. Cette réforme constitutionnelle prévoit notamment d’allonger la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans, et supprime la limite de mandat.

Appel au boycott

Les principaux partis d’opposition et organisations de la société civile, ainsi que les groupes armés rebelles, avaient appelé à boycotter le scrutin. « Nous sommes face à un coup d’État constitutionnel, l’objectif de la non-limitation du nombre de mandats est tout simplement le pouvoir à vie », avait fustigé, avant le vote, l’opposant Martin Ziguélé, président du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC).

Les adversaires de la réforme dénoncent l’absence de fichier électoral à jour et le manque d’indépendance des institutions chargées de garantir la régularité des résultats. Plusieurs électeurs ont rapporté à des journalistes de l’AFP avoir été incités à choisir le bulletin du « oui » par des agents électoraux dans plusieurs bureaux de la capitale.

Avions de chasse

Des avions de chasse L-39 Albatros récemment livrés par la Russie et des hélicoptères de l’armée ont survolé la capitale à basse altitude pendant une partie de la journée. Des policiers et militaires étaient déployés dans les rues et le vote s’est déroulé sans incident sécuritaire notable.

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Le président Touadéra avait annoncé que la Russie et le Rwanda, deux États dont l’influence s’est considérablement accrue en Centrafrique, allaient « appuyer  » la sécurisation du scrutin. Un organe lié au groupe Wagner, qui assure la protection du chef de l’État et dont des mercenaires sont déployés dans le pays depuis 2018, a assuré en juillet que plusieurs centaines de ses combattants étaient arrivés sur le territoire pour cette mission.

Selon Human Rights Watch (HRW), des responsables de l’ambassade de Russie en Centrafrique ont rendu visite à l’ancienne présidente de la Cour constitutionnelle, Danièle Darlan, pour demander des conseils sur la manière de modifier la Constitution. En septembre 2022, la Cour constitutionnelle avait infligé un revers juridique au pouvoir en annulant la mise en place d’un Comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution. Quelques mois plus tard, le pouvoir avait mis Danièle Darlan à la retraite d’office.

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(Avec AFP)

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