Entre l’Algérie de Tebboune et le Niger de Tiani, l’heure des marchandages

L’Algérie refuse que le coup d’État au Niger ne devienne un « fait accompli », tout en souhaitant concéder aux putschistes plusieurs mois de transition.

© Damien Glez

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Publié le 30 août 2023 Lecture : 2 minutes.

Alors que les putschistes nigériens et les responsables de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) campent sur leurs positions, et que l’on se demande à qui le surplace – le putsch a déjà plus d’un mois – fera manger son chapeau, une contribution diplomatique d’Alger pourrait faire diversion. Comme la Cedeao, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, de retour d’une tournée au Nigeria, au Bénin et au Ghana, souhaite que « le coup d’État ne devienne pas un fait accompli ». Mais comme l’escouade du général nigérien Abdourahamane Tiani, le chef de la diplomatie algérienne suggère, depuis le 29 août, que débute « une période de transition »…

Si loup il y a dans cette proposition paradoxale qui a le mérite d’alimenter le débat, il réside tout d’abord dans le flou que revêt l’objectif. De quel « retour à l’ordre constitutionnel et démocratique » parle l’Algérie ? S’agira-t-il de rétablir Mohamed Bazoum dans ses fonctions – mais pourquoi, alors, une transition ? – ou d’aboutir à un nouveau scrutin présidentiel, auquel cas, en quoi l’ensemble de ce processus serait-il compatible avec l’ordre constitutionnel ? Le dernier président nigérien élu aurait-il alors le droit (et l’envie) d’être à nouveau candidat, seule condition qui permettrait de considérer cette pirouette comme un retour à l’ordre précédent ?

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Alger refuse toute intervention

La seconde dimension notable du plan algérien est le chronogramme. C’est une transition de seulement six mois que propose Ahmed Attaf à des militaires qui en réclament au maximum six fois plus. La confrontation de deux durées si différentes fait tellement penser à une discussion sur la place du marché qu’on devine le souhait de s’accorder sur une durée intermédiaire. Alger ambitionne que cette période soit mise à profit pour organiser une conférence internationale ainsi que des assises politiques inclusives dirigées par une autorité civile.

Arc-boutée sur sa menace d’intervention militaire, toujours « à l’étude », la Cedeao ne devrait accorder qu’une attention aimable au plan algérien. D’ailleurs, qu’elles soient de six mois, de dix-huit ou de trois ans, les durées de transition promises la main sur le cœur ont-elles une valeur ? Qui croit que les juntes « sœurs » du Niger, du Mali et du Burkina Faso organiseront des scrutins présidentiels respectivement en mars et en juillet prochains ? L’Algérie, qui refuse « catégoriquement toute intervention militaire » extérieure au Niger par la voix de son président, Abdelmadjid Tebboune, pourra au moins dire qu’elle ne s’est pas contentée du rôle de Ponce Pilate…

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