En Algérie, le FFS veut secouer l’opposition

À un peu plus d’un an de l’échéance présidentielle, les partis d’opposition sont étonnamment apathiques. Le Front des forces socialistes vient de lancer une initiative dans le but, sinon de les unir, du moins de les revitaliser.

Le premier secrétaire du FFS, Youcef Aouchiche, lors d’une conférence de presse, le 7 novembre 2022, à Alger. © Amine Chikhi/APP/NurPhoto via AFP

Publié le 6 septembre 2023 Lecture : 3 minutes.

Le Front des forces socialistes (FFS) a de la suite dans les idées. Fervent partisan d’un dialogue sans exclusive, au milieu des années 1990 déjà, du temps de son leader charismatique Hocine Aït Ahmed, le plus vieux parti d’opposition vient de mettre sur la table, dans un contexte de grand vide politique, une initiative qui s’adresse à tous les partis politiques ou presque, indépendamment de leur appartenance idéologique.

C’est le premier secrétaire du parti, Youcef Aouchiche, qui a dévoilé, à l’occasion d’une conférence de presse animée samedi 2 septembre au siège national du parti, à Alger, les grandes lignes de cette initiative, annoncée il y a trois mois de cela. Son objectif ? Raffermir le lien national pour faire face aux menaces auxquelles est exposé le pays.

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Démarche inclusive

« C’est conscient de ces risques et de la nécessité impérieuse de surmonter les difficultés et fragilités du pays que le FFS a décidé d’entreprendre une initiative en direction des forces politiques respectueuses du cadre constitutionnel et des lois de la République », a affirmé Aouchiche, avant de préciser que cette initiative s’adresse à « toutes les forces politiques à la fois engagées dans la défense de l’État de droit, des libertés, de la justice sociale et intransigeants quand il s’agit de s’opposer fermement aux velléités, internes ou externes, de porter atteinte, sous quelque prétexte que ce soit, à l’intégrité et à l’unité du pays, à l’État et à ses institutions ».

Dans le souci de faire adhérer le maximum d’acteurs politiques à sa démarche, le premier secrétaire du FFS a tenu à donner quelques assurances, en présentant celle-ci comme « consensuelle et constructive » qui « n’est dirigée contre aucune partie », ni n’a pour but d’« entrer en concurrence avec d’autres initiatives », mais vise plutôt à « transcender – sans les nier – les clivages idéologiques et s’inscrit au-delà des échéances électorales ».

En clair, le FFS entend ratisser large et ouvre grand les portes à l’ensemble des acteurs politiques, pouvoir et opposition, y compris au parti El Bina d’Abdelkader Bengrina qui, mi-août dernier, a lancé, lui aussi, une initiative visant à « renforcer la cohésion nationale », mais boudée par l’opposition dans son ensemble dont… le FFS.

« Réhabiliter le politique et la politique »

Autre objectif assigné par le FFS à son initiative : « réhabiliter le politique et la politique, et libérer une dynamique qui renforcera l’État national en créant un climat apaisé et en réunissant les conditions nécessaires à l’engagement politique de nos concitoyens ».

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Aussi, Aouchiche n’a pas manqué de lancer une pique à l’adresse du pouvoir en lui reprochant d’avoir imposé « une situation de gel politique » avant de prévenir : « Marginaliser les partis ou chercher à leur substituer une hypothétique “société civile”, c’est encourager le désengagement politique de nos concitoyens et rendre notre société perméable à toutes les formes de manipulation. »

En tout cas, le FFS compte engager bientôt, sans toutefois avancer de date, des « discussions approfondies » avec les partis sur nombre de problématiques comme la manière de « construire et de renforcer le front patriotique » ou encore « les réformes politiques à initier ». « À l’issue de ces consultations, nous allons, sur la base d’une synthèse des discussions, proposer un document consensuel à l’ensemble des partis politiques », a expliqué le premier secrétaire du FFS, pour préciser ensuite que ce document, une fois approuvé par toutes les parties, sera soumis « collectivement » au chef de l’État.

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Dans un autre registre, Aouchiche n’a pas manqué de livrer son analyse sur le rejet par les Brics, le 24 août dernier, de la candidature de l’Algérie qui, à ses yeux, « ne délégitime aucunement le processus engagé », jugeant la décision des autorités algériennes de vouloir rejoindre ce bloc comme « conforme à ses orientations historiques stratégiques ».

« Ni catastrophisme ni banalisation, les autorités du pays doivent en tirer les enseignements, se raviser, se départir de toute attitude démagogique populiste et appréhender avec courage et lucidité nos fragilités structurelles, qu’elles soient politiques, économiques, sociales et culturelles », a enfin recommandé le premier secrétaire du FFS.

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