Mnangagwa compte ses alliés sur les doigts d’une main

Le Congolais Félix Tshisekedi est l’un des trois seuls présidents africains qui ont assisté à la prestation de serment d’Emmerson Mnangagwa, officiellement réélu à l’issue de la présidentielle du 23 août au Zimbabwe.

Le président congolais, Félix Tshisekedi, (g.) congratule son homologue zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, tout juste réélu, lors de la cérémonie d’investiture de ce dernier, à Harare le 4 septembre 2023. © Zinyange Auntony / AFP

Publié le 5 septembre 2023 Lecture : 2 minutes.

Il est des ratios qui en disent long. Ce lundi 4 septembre, seuls trois des seize présidents de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ont assisté à l’investiture d’Emmerson Mnangagwa à Harare. Les autres ont préféré se faire représenter. Selon les résultats officiels annoncés le 26 août, soit trois jours après la tenue de l’élection, « le Crocodile » a été réélu avec 52,6 % des suffrages exprimés face à Nelson Chamisa, qui est à la tête du premier parti d’opposition, la Coalition des citoyens pour le changement (CCC).

Les chefs d’État de la sous-région ont-ils préféré ne pas être associés à ce que l’opposition zimbabwéenne et les observateurs internationaux ont qualifié de mascarade électorale ? Ce lundi, seuls le Congolais Félix Tshisekedi, le Sud-Africain Cyril Ramaphosa et le Mozambicain Filipe Nyusi ont assisté à la prestation de serment du président réélu.

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Des élections « truquées »

Le scrutin s’est certes déroulé sans éruption de violence, mais les différents rapports de missions d’observation ont tous fait état d’intimidations massives des électeurs, de retards délibérés dans l’ouverture des bureaux dans les zones où l’opposition est traditionnellement forte, ainsi que de nombreuses arrestations. Nelson Chamisa a, lui, affirmé que les élections avaient été « truquées » et a appelé à la tenue de nouveaux scrutins.

Une affirmation corroborée par les rapports des missions d’observation des élections, y compris par celle de la SADC, qui a estimé que le scrutin n’avait « pas respecté les exigences de la Constitution, de la loi électorale et des principes et lignes directrices de la SADC régissant les élections démocratiques ».

Cela n’a manifestement pas dissuadé Tshisekedi, Ramaphosa et Nyusi d’assister à la cérémonie. En revanche, l’Angola, le Botswana, les Comores, l’Eswatini, le Lesotho, Madagascar, le Malawi, Maurice, la Namibie, les Seychelles et la Tanzanie n’ont envoyé que des émissaires à Harare. Même chose pour le Zambien Hakainde Hichilema, qui préside la troïka de la SADC chargée de promouvoir la paix et la sécurité dans la région.

Quelques invités

Parmi les personnalités présentes, on notera tout de même que la Chine avait dépêché Zhou Qiang, vice-président du 14e comité national de la conférence politique du peuple chinois, et la Biélorussie son vice-Premier ministre, Petr Parkhomchyk.

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L’ancien président du Mozambique, Joaquim Chissano, qui a soutenu le Zimbabwe face à ses créanciers internationaux, était également de la partie, à l’instar d’Edgar Lungu, l’ancien président zambien, et de Grace Mugabe, l’ancienne première dame du Zimbabwe chassée du pouvoir en même temps que son mari en 2017 par… Emmerson Mnangagwa. Présents également, les anciens vice-présidents du Zimbabwe que sont Joice Mujuru et Phelekezela Mphoko. Invité, Nelson Chamisa a logiquement préféré s’abstenir.

Simulacre

« Mnangagwa a été investi en tant que président de la Zanu-PF [au pouvoir] et non en tant que président du Zimbabwe. Le refus de la plupart des présidents de la SADC d’assister à la cérémonie montre qu’ils rejettent ce simulacre d’élection », affirme Amos Chibaya, en charge de l’organisation des élections au CCC. Un avis que partage l’analyste politique zimbabwéen Vivid Gwede.

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Selon lui, « la décision du CCC de ne pas aller en justice pour contester la victoire de Mnangagwa a également porté un coup au président sortant, qui avait intérêt – en termes de légitimité – à ce que les tribunaux entérinent son élection ».

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