Pour le Maroc, aucune visite d’Emmanuel Macron n’est « à l’ordre du jour »

Dans une interview à LCI vendredi dernier, Catherine Colonna a assuré qu’une visite d’Emmanuel Macron au Maroc était toujours d’actualité, sans en préciser l’échéance. Des déclarations auxquelles Rabat a aussitôt opposé un démenti catégorique.

Le roi Mohammed VI et le président français Emmanuel Macron, à Rabat, le 15 novembre 2018. © FADEL SENNA / AFP

Soufiane Khabbachi. © Vincent Fournier pour JA

Publié le 18 septembre 2023 Lecture : 3 minutes.

« Indécent. » C’est le terme employé à deux reprises par la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, pour qualifier les polémiques qui ont entouré la proposition d’aide de Paris adressée au Maroc pour faire face aux conséquences du séisme d’Al Haouz.

Le fait que la proposition de la France n’ait pas été retenue par le royaume avait alimenté polémiques et rumeurs dans les médias français, certains croyant deviner des motivations diplomatiques ou politiques derrière le choix des pays dont l’offre d’assistance a été retenue ou non, et estimant que l’absence de la France dans la – courte – liste des pays invités à envoyer des équipes de secouristes était liée au refroidissement des relations entre Rabat et Paris.

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Alors qu’elle effectuait un déplacement en Égypte, la cheffe de la diplomatie française a accordé une interview à LCI vendredi 15 septembre, dans laquelle elle a estimé qu’il y avait « quelque chose d’indécent à porter des jugements sur les choix faits par le Maroc souverainement pour son pays et à lier ça à des considérations diplomatiques ». Avant d’ajouter qu’agir ainsi « était inutile et blessant pour les deux pays ». Lundi, le roi Mohammed VI a de son côté remercié les partenaires qataris, émiratis, britanniques et espagnols venus prêter main forte pour secourir les victimes du tremblement de terre.

« Ni à l’ordre du jour ni programmée »

Toujours lors de son interview télévisée, Catherine Colonna a déclaré à propos des liens entre les deux pays que « les relations entre la France et le Maroc sont anciennes et marquées par une profonde amitié entre les deux peuples ». « Nos dirigeants ont reparlé encore il y a quelques semaines, a-t-elle encore précisé. Le président de la République est invité au Maroc pour effectuer une visite d’État qu’il faut sans doute faire maintenant pour permettre à nos deux pays de se retrouver. Dans un contexte mondial en plein mouvement, nous devons coopérer. »

Ce sont ces derniers propos de la ministre quant à une possible visite du président de la République qui ont suscité, dès le lendemain, une réponse du royaume. Une source officielle gouvernementale a indiqué à l’Agence marocaine de presse (MAP) qu’une visite d’Emmanuel Macron au Maroc « n’est ni à l’ordre du jour ni programmée ».

Une réponse qui n’est pas sans faire écho à la précédente réaction du Maroc aux propos tenus par Emmanuel Macron le 1er mars. Alors qu’il s’apprêtait à effectuer une tournée en Afrique centrale, le chef de l’État français avait déclaré que ses relations personnelles avec le monarque étaient « amicales » et « le demeureront ».

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Dans la foulée, une source officielle gouvernementale interrogée par Jeune Afrique contredisait frontalement les déclarations du président, affirmant que « les relations n’étaient ni amicales ni bonnes, pas plus entre les deux gouvernements qu’entre le Palais royal et l’Élysée ».

Aucun dégel imminent

Questionnée vendredi sur la réaction marocaine du mois de mars, Catherine Colonna a tenté d’en nuancer la teneur : « Le gouvernement marocain ne l’a pas dit. On l’a lu dans les journaux, ce n’est pas tout à fait la même chose. Le roi du Maroc a refait son invitation au président de la République il y a peu, cet été, lorsqu’ils s’étaient parlés. Il reste à trouver des dates. Je tiens à préciser qu’il n’y a eu aucun report puisque aucune date n’avait été fixée. »

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Comme pour couper court à ce genre d’interprétation, c’est par la voix de son agence de presse officielle que le Maroc vient, cette fois, d’apporter une réponse aux déclarations de la ministre. La même source gouvernementale fustige ainsi une « initiative unilatérale » et s’étonne que la ministre « se soit donné la liberté de faire une annonce non concertée concernant une échéance bilatérale importante ».

Ces dernières déclarations risquent de ramener les deux pays plusieurs pas en arrière. Alors que quelques signes d’un dégel commençaient à s’esquisser, le traitement médiatique du séisme par une partie de la presse française a été mal vécu au Maroc. Rabat rappelle de toute façon qu’à ses yeux, la condition préalable à toute amélioration significative de la relation bilatérale reste une évolution de la position française sur le dossier du Sahara.

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