Présidentielle à Madagascar : l’UE et les États-Unis mettent la pression sur le gouvernement

L’Union européenne et les États-Unis ont annoncé suivre avec « la plus grande vigilance » les préparatifs de la présidentielle malgache, alors que dix candidats à l’élection dénoncent un « coup d’État institutionnel » en cours.

Le Premier ministre malgache Christian Ntsay, allié du président Andry Rajoelina, a été chargé d’une administration de transition à l’approche d’une élection présidentielle. © RIJASOLO / AFP

Publié le 20 septembre 2023 Lecture : 3 minutes.

L’Union européenne et les États-Unis ont déclaré suivre avec « la plus grande vigilance » la préparation de l’élection présidentielle prévue début novembre à Madagascar, une semaine après que dix des 13 candidats au scrutin ont dénoncé un « coup d’État institutionnel » en cours dans le pays.

Les Malgaches se rendent aux urnes le 9 novembre pour choisir leur prochain président et leurs gouverneurs. À moins de deux mois du scrutin, les préparatifs sur la grande île de l’océan Indien se déroulent dans un climat tendu.

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Treize candidats sont en lice, dont le président sortant Andry Rajoelina, 49 ans. Ce dernier avait pris le pouvoir en 2009 à la faveur d’un coup d’État qui avait chassé l’ex-président Marc Ravalomanana, candidat au scrutin de novembre. Interdit de se présenter en 2013, Andry Rajoelina avait été élu en 2018.

« Coup d’État institutionnel »

« Les présents signataires, partenaires internationaux de Madagascar, suivent avec la plus grande vigilance les derniers développements relatifs à la préparation de l’élection présidentielle », écrivent dans un communiqué commun l’UE, la représentation de l’Organisation internationale de la francophonie pour l’océan Indien et les ambassades des États-Unis, de France, d’Allemagne, de Suisse, du Royaume-Uni et du Japon.

« La confiance dans ce processus est un élément fondamental pour l’acceptation par tous du résultat du scrutin et pour garantir la stabilité de Madagascar », soulignent les signataires, appelant à un scrutin « transparent, fiable, inclusif et apaisé ». Les représentations diplomatiques rappellent également leur attachement au « droit de réunion et de manifestation pacifiques ».

La semaine dernière, dix candidats au scrutin, dans l’opposition, ont dénoncé « un coup d’État institutionnel » orchestré selon eux par Rajoelina, après une série de décisions de justice qui favoriserait le président sortant en vue de l’élection.Le 9 septembre, conformément à la Constitution en période électorale, Andry Rajoelina a cessé d’exercer le pouvoir.

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L’intérim devait normalement être assuré par le président du Sénat, mais celui-ci a refusé, invoquant des « raisons personnelles ». La Haute cour constitutionnelle a nommé un « gouvernement collégial » dirigé par le Premier ministre Christian Ntsay, un proche du chef de l’État, une décision prise, selon elle, pour éviter une vacance du pouvoir exécutif.

Rejet de trois recours

Le même jour, la plus haute juridiction du pays a rejeté trois recours déposés par des partis d’opposition réclamant l’invalidation de la candidature d’Andry Rajoelina « pour défaut de nationalité malgache ». Fin juin, des informations divulguées dans la presse ont dévoilé que le président a été naturalisé français en catimini en 2014, déclenchant une polémique dans le pays. Les requérants, jugés irrecevables par la Haute cour, affirmaient que, selon le code de la nationalité malgache, Andry Rajoelina, devenu Français, avait perdu sa nationalité malgache et ne peut dès lors ni se présenter à une élection, encore moins diriger le pays.

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La désignation d’un gouvernement collégial avec le Premier ministre à sa tête et le rejet des trois recours ont suscité la colère de dix des 13 candidats à la présidentielle. »Le pouvoir (…) a opéré un véritable coup d’État institutionnel dans le but de mettre le Premier ministre aux commandes de l’État pendant la période électorale présidentielle afin d’en manipuler les résultats au profit de leur candidat », ont-il dénoncé dans un communiqué commun le 12 septembre.

Le 18 septembre, 40 organisations de la société civile malgache avaient demandé à la Haute cour constitutionnelle de « revenir sur sa décision » et de nommer à la tête du gouvernement collégial le président du Sénat, appelé pour sa part à « prendre ses responsabilités ».

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