Inondations en Libye : le procureur ordonne la détention de huit responsables

Quelques jours après les inondations qui ont ravagé la ville côtière de Derna le 10 septembre, la justice avait pointé du doigt le défaut d’entretien des barrages de la région. Huit responsables ou ancien responsables vont maintenant devoir répondre de ce qui est qualifié de « négligence ».

À Derna, ville de l’est de la Libye, le 20 septembre 2023, à la suite d’une crue soudaine et meurtrière. © Abu Bakr Al-Soussi / AFP

Publié le 25 septembre 2023 Lecture : 2 minutes.

Le Procureur général en Libye a ordonné le placement en détention provisoire de huit responsables libyens dans le cadre d’une enquête sur la rupture des deux barrages ayant entraîné les inondations meurtrières de Derna le 10 septembre, a annoncé son bureau le 25 septembre.

Les huit personnes, qui occupent ou ont occupé des postes à responsabilité au sein du département des ressources hydrauliques ou celui de la gestion des barrages en Libye, sont soupçonnées, entre autres, de « mauvaise gestion » et de « négligence », a précisé le bureau du Procureur dans un communiqué.

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Le procureur général al-Seddik al-Sour, avait annoncé le 15 septembre avoir ouvert une enquête sur les circonstances du drame. Le bilan du drame – non définitif mais qui s’élève à plusieurs milliers de morts – a été aggravé par la rupture de deux grands barrages situés à proximité de la vile côtière de Derna, 100 000 habitants. Celui d’Abou Mansour, d’une capacité de 22,5 millions de m3 situé à 13 km de la ville, a été le premier à céder, libérant des flots d’eaux qui ont foudroyé le deuxième, Al-Bilad, d’une capacité de 1,5 million de m3, situé à seulement un kilomètre de la cité côtière.

« La plupart des victimes auraient pu être évitées »

Construits dans les années 1970 par une entreprise yougoslave, les deux ouvrages avaient fait l’objet, en 2021, d’un rapport du bureau d’audit libyen, l’équivalent d’une Cour des comptes. Les experts y pointaient des « tergiversations » du ministère concerné dans la reprise des travaux d’entretien sur les deux barrages. Dans une étude en novembre 2022, l’ingénieur et universitaire libyen Abdel-Wanis Ashour a ensuite mis en garde contre une « catastrophe » menaçant Derna si les autorités ne procédaient pas à ces travaux.

Malgré cet avertissement, rien n’a été fait, bien que la Libye, qui dispose des réserves pétrolières les plus abondantes d’Afrique, ne manque pas de moyens. Le patron de l’Organisation météorologique mondiale qui dépend de l’ONU, Petteri Taalas, a estimé cette semaine que « la plupart des victimes auraient pu être évitées », pointant du doigt la désorganisation liée à l’instabilité politique dans le pays.

Les barrages édifiés sur l’oued Derna, comme d’autres à travers le pays, étaient fissurés depuis 1998. Ces ouvrages sont négligés par les administrations qui se sont succédé depuis 2011, comme cela était également le cas sous le régime de Mouammar Kadhafi.

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(Avec AFP)

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