Soudan du Sud : missions diplomatiques pour stopper une escalade de la guerre

Deux émissaires américain et nigérian devaient arriver dimanche à Djouba, pour tenter d’éviter une extension de la guerre civile qui menace le Soudan du Sud, où de durs combats se poursuivent entre l’armée et les rebelles.

Des citoyens américains attendent d’embarquer dans un avion militaire américain, à Juba. © AFP

Des citoyens américains attendent d’embarquer dans un avion militaire américain, à Juba. © AFP

Publié le 22 décembre 2013 Lecture : 4 minutes.

Donald Booth, l’émissaire américain pour le Soudan et le Soudan du Sud, est attendu dans la soirée dans la capitale du Soudan du Sud, a indiqué un responsable du ministère des Affaires étrangères, ajoutant que le Nigeria envoie également un émissaire, sans préciser sa fonction.

Avant eux, une délégation de ministres des Affaires étrangères d’Afrique de l’Est a achevé une médiation de trois jours en rencontrant samedi le président sud-soudanais Salva Kiir. Dans la foulée, le président Kiir a ensuite promis de "mener un dialogue sans conditions" avec son rival, l’ancien vice-président Riek Machar.

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Pour autant, les combats se poursuivaient dimanche, même si le commandant en chef de l’armée sud-soudanaise (SPLA), James Hoth Mai, a déclaré que son pays n’était pas encore au bord de la guerre civile.

"Une guerre civile n’est pas proche. Nous l’éviterons à tout prix", a-t-il dit samedi soir à l’AFP.

Depuis le 15 décembre, un conflit armé a éclaté entre les forces de l’ancien vice-président Riek Machar et celles du président sud-soudanais Salva Kiir, déchirant le plus jeune Etat de la planète, indépendant depuis 2011 après une longue guerre civile contre le Soudan.

Dans la seule capitale Juba, les combats ont fait au moins 500 morts et on compte plusieurs dizaines de milliers de personnes déplacées à travers le pays, un bilan très partiel. Les deux rivaux, habitués à la longue guerre d’indépendance (1983/2005) utilisent les combattants de leur communauté respective, Dinka pour Salva Kiir, et Nuer pour Riek Machar

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Le commandant en chef de la SPLA a également démenti des rumeurs selon lesquelles des jeunes en armes, après avoir rejoint les rebelles, pourraient marcher sur la capitale dans les prochains jours.

Mais il a été obligé de reconnaitre que le gouvernement avait "des problèmes" dans deux Etats, l’instable Jonglei dans l’Est et l’Etat-clé pétrolier d’Unité, tout en se déclarant confiant dans la capacité de l’armée "à rétablir la situation dans quelques jours".

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Combats pour le contrôle de l’Etat pétrolier d’Unité

Une confiance affichée et pour l’instant démentie dans les faits, les rebelles tenant toujours depuis jeudi Bor, capitale du Jonglei, et menaçant d’enlever l’ensemble du riche état pétrolier d’Unité.

"Bor est toujours contrôlée par les forces de Peter Gadet (allié de Riek machar). La SPLA avance toujours sur la ville, mais ne l’a pas encore reprise", a reconnu dimanche le porte-parole de l’armée régulière, Philip Aguer.

Selon un responsable local à Bentiu, la capitale de l’Etat d’Unité, prise par les rebelles, les rues sont encore jonchées de cadavres depuis la chute de la ville, provoquée par la défection d’un commandant de la SPLA.

"Il y a une centaine de cadavres qui ne sont pas encore enterrés", a dit à l’AFP ce responsable, sous couvert de l’anonymat.

Le porte-parole de l’armée, Philip Aguer, a confirmé que "l’Etat d’Unité est actuellement divisé" entre les forces de la SPLA et celles de Riek Machar.

"Nous ne contrôlons pas Bentiu, nous ignorons combien de personnes ont été tuées ou blessées".

La production pétrolière compte pour 95 % dans les revenus du pays. Et le Soudan voisin dépend de cette production dont il tire d’importants revenus en taxant fortement l’acheminement du pétrole à travers son territoire par des oléoducs.

Soldats américains blessés

Les sociétés pétrolières ont déjà commencé à évacuer leur personnel, comme la compagnie d’Etat chinoise China National Petroleum Corp (CNPC), après la mort de cinq employés sud-soudanais du secteur. Ce qui implique, dans le meilleur des cas, que la production pétrolière sera fortement réduite.

Des centaines d’expatriés travaillant dans ce secteur, dont des Chinois et des Pakistanais, patientaient dans l’aéroport de Juba, espérant partir au plus tôt.

Pour l’instant, les installations pétrolières n’ont pas été touchées, et le pétrole est toujours produit, selon le représentant de Khartoum à Juba.

Des dizaines de milliers de personnes ont fui leurs maisons, beaucoup cherchant à trouver refuge dans les bases des Nations unies.

"J’ai peur. Je ne veux pas penser que je serai de nouveau forcée à redevenir une réfugiée", déclarait dimanche Susan Nakiden, une Sud-Soudanaise parmi des milliers d’autres déplacés sur une base de l’ONU dans Juba. Cette mère de trois enfants a expliqué qu’elle avait déjà dû fuir pendant la guerre civile qui déchira le Soudan entre Nord et Sud.

Mais les évacuations sont difficiles à mener dans les zones de conflit. Ainsi, des aéronefs américains, trois CV-22 Ospreys (appareils hybrides mi-avion, mi-hélicoptère), qui tentaient samedi d’évacuer des ressortissants à Bor, à 200 km de Juba, prise par les rebelles, ont été touchés par des tirs d’arme légère. Quatre soldats américains ont été blessés.

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