Au Kenya, Charles III demandera-t-il pardon ?
Le nouveau roi britannique sera au Kenya fin octobre, à l’invitation du président William Ruto. Demandera-t-il pardon pour les moments douloureux de l’époque coloniale ?
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 13 octobre 2023 Lecture : 2 minutes.
Plusieurs décennies après les indépendances, le temps tourne à l’orage pour les anciens colons. Les francophones sont sommés de purger leur politique et les anglophones invités à présenter des excuses. C’est à quelques jours d’une visite d’État au Kenya annoncée ce mercredi (visite programmée du 31 octobre au 3 novembre prochain) que le roi britannique Charles III s’est vu appelé, dans les médias kenyans, à « s’excuser » pour les « atrocités » de l’ère coloniale. Injonction notamment formulée par Evelyn Wanjugu Kimathi, la fille de Dedan Kimathi, chef de la résistance kenyane pendu en 1957.
Les actes posés, les mots prononcés
L’occasion est plus que symbolique. D’abord, en 1952, c’est au Kenya que se trouvait la future reine Elizabeth II quand son père George VI décédait. Ce séjour kenyan de Charles III sera aussi son premier voyage dans un pays du Commonwealth depuis son couronnement. Enfin, c’est à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance du Kenya que le président William Ruto a invité le roi.
Sur place, il y aura les actes posés et il y aura les mots prononcés. Chaque formule sera pesée par le monarque et sous-pesée par les anciens colonisés, comme furent jaugés et jugés, l’année dernière, les « plus profonds regrets » exprimés par le roi Philippe de Belgique à l’intention de l’ancien Congo belge.
Pour l’heure, le palais de Buckingham affirme que « Sa Majesté » n’éludera pas « les aspects les plus douloureux de l’histoire commune du Royaume-Uni et du Kenya », notamment ceux des années précédant l’indépendance, et qu’elle « prendra le temps […] d’approfondir sa compréhension des torts subis dans cette période par le peuple kenyan ».
Répression sanglante
En huit ans, la révolte des Mau Mau avait débouché, au Kenya, sur l’une des répressions les plus sanglantes de l’empire britannique, avec la disparition de plus de 10 000 personnes dont les sépultures ne sont pas toutes connues. En 2013, le Royaume-Uni avait accepté de dédommager plus de 5 000 Kenyans, pour un total de près de 20 millions de livres sterling. À la fin de ce mois d’octobre 2023, des mots de contrition suivront-ils ces actes qui valaient déjà aveu ?
Chaque génération voyant midi à sa porte, les plus jeunes relancent les débats suscités par la présence polémique de soldats britanniques dans un camp d’entraînement près de Nanyuki, à environ 200 km de Nairobi. En 2012, un militaire du Royaume-Uni avait été accusé du meurtre d’une jeune Kenyane de 21 ans.
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