Israël-Hamas : déluge de frappes sur Gaza coupée en deux, Erdogan refuse de rencontrer Blinken

L’armée israélienne poursuit son offensive dans le nord de la bande de Gaza avec pour objectif de détruire le centre de commandement du Hamas. Les appels à une trêve humanitaire se font de plus en plus pressants. Dénonçant un « massacre immoral », le président turc boycotte ce 6 novembre une rencontre avec le secrétaire d’État américain.

Largage de fusées éclairantes à la frontière entre Israël et la bande de Gaza, le 5 novembre 2023. © Aris MESSINIS / AFP.

Largage de fusées éclairantes à la frontière entre Israël et la bande de Gaza, le 5 novembre 2023. © Aris MESSINIS / AFP.

Publié le 6 novembre 2023 Lecture : 4 minutes.

Le porte-parole de l’armée israélienne Jonathan Conricus a appelé dans son brief national du 6 novembre les civils à quitter le nord de Gaza, affirmant qu’Israël sera alors « moins limité » pour agir. Les combats au sol s’accompagnent de « frappes significatives », selon l’armée israélienne – 2 500 depuis le 27 octobre –, pour déloger des combattants du Hamas retranchés dans un réseau de tunnels.

Selon Daniel Hagari, un autre porte-parole de l’armée israélienne, les troupes opérant dans Gaza l’ont coupé en deux : « Gaza sud et Gaza nord ». De 300 000 à 400 000 personnes se trouveraient encore dans le nord de Gaza.

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Ces bombardements touchent durement les civils, y compris dans le sud du territoire de 362 km2 où s’entassent 2,4 millions de Palestiniens, soumis aussi à un siège qui les prive d’eau, de nourriture et d’électricité depuis le 9 octobre – après déjà un blocus de plus de 16 ans, depuis l’arrivée au pouvoir en 2007 du Hamas, classé organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël.  En près d’un mois, les bombardements israéliens ont provoqué d’immenses destructions, et le déplacement de 1,5 million de personnes, selon l’ONU.

La Turquie travaille « en coulisses »

Dans le sud de la bande de Gaza, près de la frontière avec l’Égypte, des centaines de milliers de personnes sont massées dans des conditions très précaires. Cette frontière s’est ouverte partiellement le 21 octobre pour laisser transiter des convois humanitaires via le point de passage de Rafah. Au total, 451 camions l’ont traversé à la date du 4 novembre, selon l’ONU.

Plusieurs centaines d’étrangers, de binationaux et de blessés (1 100 selon l’ONU) ont également pu quitter Gaza via Rafah la semaine dernière. Mais ces évacuations sont suspendues depuis le 4 novembre après qu’Israël a refusé d’autoriser l’évacuation de certains Palestiniens blessés, ont déclaré des responsables égyptiens et palestiniens.

Le roi de Jordanie a annoncé le largage tôt dans la matinée du 6 novembre d’une aide médicale d’urgence à Gaza, destinée à un hôpital de campagne jordanien. « C’est notre devoir d’aider nos frères et sœurs blessés », a-t-il ajouté, louant « les membres intrépides de l’armée de l’air » jordanienne.

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Le président turc Recep Tayyip Erdogan a indiqué le 5 novembre que son pays « travaillait en coulisses » avec ses alliés régionaux pour tenter de garantir un flux ininterrompu d’aide humanitaire. Dénonçant « le massacre immoral » à Gaza, il a coupé tout contact avec le Premier ministre Benjamin Netanyahou et rappelé l’ambassadeur d’Ankara en Israël. Il a aussi décidé de ne pas rencontrer Blinken, attendu ce 6 novembre à Ankara.

Indignation de l’ONU devant le bilan humain

Le dernier bilan officiel du ministère de la Santé du Hamas comptabilise 9 770 personnes tuées – dont la moitié sont des enfants – dans les bombardements israéliens depuis le début de la guerre.

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En Israël, plus de 1 400 personnes ont péri, majoritairement des civils tués le 7 octobre, lors de l’attaque du Hamas, d’une violence et d’une ampleur inédites depuis la création d’Israël en 1948. Les sirènes d’alerte aux roquettes tirées depuis Gaza ont retenti plusieurs fois le 5 novembre à Tel-Aviv et dans des villes proches du territoire palestinien, et plusieurs roquettes ont été interceptées selon l’armée. Au moins 30 soldats israéliens ont été tués depuis le début de l’opération terrestre, d’après l’armée.

Face à ce bilan humain chaque jour plus lourd, les dirigeants des principales agences de l’ONU ont publié le 5 novembre au soir un rare communiqué commun pour exprimer leur indignation. « Nous avons besoin d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat. Cela fait 30 jours. Trop c’est trop. Cela doit cesser maintenant », ont-ils écrit, appelant aussi le Hamas à libérer les plus de 240 otages emmenés dans la bande de Gaza le 7 octobre après son attaque sur le sol israélien qui a déclenché la guerre.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, dont le pays est opposé à un cessez-le-feu qui avantagerait, selon lui, le Hamas, a répété « l’engagement des États-Unis pour la livraison d’une aide humanitaire vitale » à Gaza, lors d’une visite impromptue à Ramallah, en Cisjordanie occupée par Israël depuis 1967. Il a aussi appelé à l’arrêt des « violences des extrémistes » contre les Palestiniens en Cisjordanie, où la communauté internationale craint une extension du conflit. Plus de 150 Palestiniens y ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre, selon l’Autorité palestinienne. Devant Blinken, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a, lui, dénoncé « la guerre de génocide » menée d’après lui par Israël à Gaza.

Tirs à la frontière israélo-libanaise

Au Liban, un journaliste a perdu quatre membres de sa famille, dont trois enfants, dans une frappe israélienne contre la voiture dans laquelle ils circulaient. Peu après, le Hezbollah libanais, pro-iranien et allié du Hamas, a annoncé avoir tiré des roquettes Katioucha sur Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël, en représailles.

Alors que les échanges de tirs quotidiens à la frontière avec le Liban font craindre un débordement du conflit, Jonathan Conricus a affirmé le 5 novembre sur la chaîne CNN que la position israélienne « a été très défensive. Nous n’avons fait que répondre aux attaques du Hezbollah ». Depuis le 7 octobre, 81 personnes ont péri du côté libanais, selon un décompte, dont 59 combattants du Hezbollah. Six soldats et deux civils ont été tués du côté israélien.

(avec AFP)

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