À Madagascar, Rajoelina brigue un second mandat lors d’une élection sous haute tension

Alors que plus de 11 millions d’électeurs malgaches sont attendus aux urnes le 16 novembre, plusieurs voix s’élèvent pour réclamer un nouveau report. Retour en vidéo sur les dates clés d’une année électorale plus que mouvementée.

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Publié le 10 novembre 2023 Lecture : 2 minutes.

La tension monte sur la Grande Île. À une semaine du premier tour de l’élection présidentielle, qui se tiendra le 16 novembre, Madagascar est secouée depuis plusieurs semaines par un regain de violences politiques qui fait craindre un embrasement. Chaque jour semble apporter son lot de rebondissements. Jeudi 9 novembre, Christine Razanamahasoa, la présidente de l’Assemblée nationale, a demandé ni plus ni moins que la « suspension de l’élection ». Une demande jugée « farfelue » par le porte-parole de campagne d’Andry Rajoelina, président sortant en lice pour un second mandat, mais qui fait écho à un appel similaire, lancé le même jour par une cinquantaine d’organisations de la société civile et de syndicats.

« Situation explosive »

« Il y a énormément d’inconnues entre le président lui-même, sa nationalité, l’opposition, la communauté internationale et la population. On est dans une situation explosive, dans un pays qui est épuisé, avec une population qui est dans un état d’indigence que l’on n’avait pas vu depuis 2009 », résume Olivier Caslin, journaliste de Jeune Afrique spécialiste de la Grande Île, dans le décryptage vidéo que nous consacrons aujourd’hui à la très mouvementée année politique que vient de connaître Antananarivo.

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La dispersion brutale de plusieurs manifestations de l’opposition, ces dernières semaines, incarne en effet une campagne déjà marquée par les polémiques et les accusations d’irrégularités. En septembre, l’opposition a ainsi dénoncé un « coup d’État institutionnel » orchestré selon elle par Andry Rajoelina. En cause, d’abord, la polémique sur la binationalité du président, devenu français en 2014 alors que, selon l’interprétation qu’en fait l’opposition et une partie de la société civile, la Loi fondamentale malgache interdit à un binational de se présenter à la magistrature suprême. Une « trahison » selon l’opposition. Un « faux débat », selon Rajoelina, qui a notamment affirmé que ce « bout de papier ne change en rien le sang qui coule dans [ses] veines ». 

Intérim polémique

Autre polémique qui a agité cette fin d’année électorale, l’attribution des fonctions de chef de l’État par intérim au Premier ministre Christian Ntsay. C’est en effet une spécificité malgache : le président sortant, pour pouvoir se présenter devant les électeurs, doit démissionner et confier les rênes du pays au président du Sénat. Un poste occupé par Herimanana Razafimahefa. Or, ce dernier a renoncé à exercer le pouvoir, invoquant des problèmes de santé… Avant de révéler qu’il avait été la cible de menaces de mort.

Il n’en a pas moins été officiellement destitué, le 12 octobre pour être remplacé dès le lendemain  à la tête du Sénat par le général Richard Ravalomanana. Ce dernier, surnommé « Général Bomba », l’un des fidèles de Rajoelina, qui l’avait nommé conseiller spécial du chef de l’État, en charge de la sécurité et de la sûreté nationale, a été nommé président par intérim le 27 octobre.

C’est dans ce climat plus que délétère, et alors qu’une partie de la communauté internationale a fait état de ses inquiétudes face au climat politique tendu, que plus de 11 millions d’électeurs malgaches, dans l’expectative, se demandent s’ils seront ou non effectivement convoqué aux urnes, le 16 novembre prochain.

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