Ministres du Malawi : pas bouger !

Le chef de l’État malawite proscrit temporairement, à lui et ses ministres, tout voyage à l’étranger financé sur fonds publics. Un électrochoc pour plaire au FMI.

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Publié le 17 novembre 2023 Lecture : 2 minutes.

Lazarus Chakwera ne se rendra pas, en novembre, au sommet émirien de la COP28. Mais que les organisateurs onusiens de la Conférence 2023 sur les changements climatiques n’y voient pas le zèle écologiste d’un dirigeant qui souhaiterait limiter les émissions de gaz à effet de serre de son avion présidentiel. Que les opposants à une COP présidée par le PDG de la compagnie pétrolière nationale des Émirats arabes unis ne se méprennent pas non plus : l’absence du chef de l’État malawite n’a rien d’un boycott militant.

Dévaluation de 44% de la monnaie nationale

Le 15 novembre, Chakwera a annoncé qu’il imposait « le gel de tous les voyages à l’étranger financés par l’État pour tous ses agents à tous les niveaux (…) jusqu’à la fin de l’année fiscale, en mars ». Cohérent avec le profil chrétien de cet ancien prêcheur évangélique, ce sursaut d’ascétisme est inspiré par une situation économique des plus inquiétantes.

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C’est en effet pour obtenir la bienveillance du Fonds monétaire international (FMI) que le Malawi a dû envisager plusieurs sacrifices. Catastrophiste, l’institution de Bretton Woods affirme que « les trois dernières années ont été particulièrement difficiles, avec une croissance stagnante et des déséquilibres macroéconomiques croissants nourris par une dette insoutenable et de multiples chocs » en dépit d’importantes aides au développement. En plus de choix économiques critiqués, le pays enclavé a dû faire face, récemment, à une épidémie de choléra et à un cyclone.

Débutés cette semaine par une douloureuse dévaluation de 44% de la monnaie nationale, le kwacha, les sacrifices concédés au FMI se prolongent donc au niveau du gouvernement, qui se serre la ceinture pour montrer l’exemple. C’est dans ce cadre que le budget de carburant des hauts responsables gouvernementaux a été réduit de moitié et que tous les ministres actuellement en déplacement officiel à l’étranger se sont vu intimer l’ordre d’accélérer leur retour à Lilongwe. Au titre des économies du budget national, tout nouveau voyage d’officiels en dehors du pays est donc temporairement interdit. C’est dans ce contexte d’austérité que le FMI a accordé, à ce Malawi déjà trop endetté, un nouveau prêt de 175 millions de dollars.

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