Au Mali, Wagner hisse son drapeau sur le fort de Kidal

Une semaine après leur entrée dans le fief des rebelles indépendantistes, des mercenaires russes ont fait flotter leur étendard noir sur le fort de la ville. Tout un symbole, qui vient contredire le discours officiel du régime d’Assimi Goïta faisant la part belle à l’armée malienne.

Selon le discours officiel, Kidal, qui échappait depuis dix ans à l’autorité de l’État, aurait été exclusivement reconquise par les Forces armées maliennes (Fama). © DR

Selon le discours officiel, Kidal, qui échappait depuis dix ans à l’autorité de l’État, aurait été exclusivement reconquise par les Forces armées maliennes (Fama). © DR

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 22 novembre 2023 Lecture : 2 minutes.

La vidéo ne dure qu’une poignée de secondes mais elle en dit long sur le rôle majeur qu’ont joué les hommes de Wagner dans la reprise de Kidal. Publiée le 22 novembre sur la chaîne Telegram du groupe, elle montre deux mercenaires hissant leur drapeau noir orné d’une tête de mort sur le fort de la ville. En légende : « Le drapeau de notre orchestre [l’un des noms que se donne le groupe] a été hissé sur la ville de Kidal. Les habitants nous aiment. »

Le 14 novembre, les autorités de la transition annonçaient que l’armée malienne avait repris cette ville de l’extrême-nord aux rebelles indépendantistes du Cadre stratégique permanent (CSP). Une victoire hautement symbolique pour le colonel Assimi Goïta qui, depuis son arrivée au pouvoir par un putsch contre Ibrahim Boubacar Keïta, en 2020, a fait de la souveraineté nationale et de la reconquête territoriale l’alpha et l’omega de son régime militaire.

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« Ce sont eux qui ont été aux avant-postes »

Selon le discours officiel, Kidal, qui échappait depuis dix ans à l’autorité de l’État, aurait été exclusivement reconquise par les Forces armées maliennes (Fama). Dans la bouche de Goïta et de ses ministres, comme dans les reportages ou éditions spéciales de la télévision nationale, nulle mention des mercenaires de Wagner – même sous le vocable d’ « instructeurs russes », habituellement utilisé par les autorités maliennes.

Les mercenaires russes du groupe de feu Evgueni Prigojine ont pourtant joué un rôle déterminant dans la reprise de leur fief aux indépendantistes à dominante touarègue. Dès le 14 novembre dans la soirée, des images de certains d’entre eux entrant dans la ville à bord de blindés ou juchés sur des motos ont circulé sur les réseaux sociaux.

« Plusieurs unités de l’armée ont été impliquées dans l’opération. Elles étaient sous la supervision directe des hommes de Wagner. Ce sont eux qui ont été aux avant-postes à Kidal », confie un officier malien. Un statut de meneur que confirme la vidéo du drapeau hissé au sommet du fort de Kidal, qui n’aurait probablement jamais pu être tournée si les mercenaires russes n’avaient une forme d’ascendant sur leurs partenaires maliens.

Convoi Fama-Wagner

Avant de faire leur entrée dans la ville désertée par ses habitants, les hommes de Wagner et les militaires maliens ont bénéficié du soutien aérien déterminant de drones Bayraktar TB2 et d’avions de chasse (pour certains pilotés par des Russes), dont les frappes ont contraint les combattants du CSP à quitter leurs positions.

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L’offensive sur Kidal avait débuté le 2 octobre. Ce jour-là, un important convoi de véhicules blindés et de pick-up avait quitté le camp de Gao aux premières lueurs du jour. À leur bord, près de 600 militaires et mercenaires du groupe Wagner qui, déjà, selon un officier malien, avaient « pris la direction des opérations ».

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