En Afrique du Sud, liberté conditionnelle pour Oscar Pistorius

L’athlète, auteur d’un féminicide, devra traiter ses colères et travailler à la reconnaissance des faits accomplis. Sa sortie de prison est prévue début janvier.

La prison d’Atteridgeville, où est détenu Oscar Pistorius, le 24 novembre 2023. © Marco LONGARI / AFP

La prison d’Atteridgeville, où est détenu Oscar Pistorius, le 24 novembre 2023. © Marco LONGARI / AFP

Publié le 24 novembre 2023 Lecture : 3 minutes.

L’ex-champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius sortira de prison début janvier, ayant obtenu ce vendredi 24 novembre une libération conditionnelle dix ans après le meurtre de sa petite amie Reeva Steenkamp, dans une affaire qui a captivé la planète.

« Le département des services correctionnels confirme le placement en liberté conditionnelle de M. Oscar Leonard Carl Pistorius, à compter du 5 janvier 2024 », a annoncé l’administration pénitentiaire dans un communiqué. L’ancien athlète sera libre, mais « soumis à une surveillance », et obligé de rester dans un certain périmètre d’une banlieue de la capitale Pretoria, a ajouté l’administration.

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Pendant son placement en conditionnelle, qui « durera jusqu’au 5 décembre 2029 », Pistorius devra suivre un programme de réinsertion incluant « une thérapie pour ses colères », ainsi que « sur les violences faites aux femmes », a précisé à la presse le porte-parole de la famille de la victime, Rob Matthews. Il devra également participer à des travaux d’intérêt général. Une commission ad hoc, composée de membres des services pénitentiaires et de simples civils, s’était rassemblée dans la matinée dans la prison proche de Pretoria où Pistorius, 37 ans, est encore détenu. Elle a estimé que le « primo-délinquant » bénéficie « d’un soutien positif » et que son placement en liberté conditionnelle est conforme à la loi.

Pistorius « ne s’est pas réhabilité » en prison, a jugé June Steenkamp, mère de la victime. « Je ne crois pas à la version d’Oscar », a-t-elle ajouté dans une déclaration écrite soumise à la commission. La famille, qui ne s’était cependant pas formellement opposée à la demande de libération anticipée, s’est dite « satisfaite » des conditions imposées à Pistorius.

Reconnaître le mal causé

Dans la nuit du 13 au 14 février 2013, Oscar Pistorius a abattu sa compagne, la mannequin Reeva Steenkamp, 29 ans, tirant quatre fois à travers la porte de la salle de bain de sa chambre, dans sa maison ultra-sécurisée de Pretoria. Riche, célèbre, le sextuple champion paralympique est à l’époque auréolé de gloire. Il était entré dans la légende sportive un an plus tôt en s’alignant avec les valides aux 400 mètres des Jeux olympiques de Londres, une première pour un double amputé des jambes.

« Blade Runner », comme il est surnommé en référence à ses prothèses de carbone, affirme avoir cru à la présence d’un intrus. Il écope de cinq ans de prison pour homicide involontaire à l’issue de son premier procès en 2014. Le parquet estime la justice trop clémente et réclame une requalification en meurtre. En 2017, la Cour suprême d’appel condamne finalement Pistorius à plus de treize ans de réclusion. Lâché par ses sponsors, ruiné, l’idole déchue vend sa maison pour payer ses avocats.

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Dans le cadre de sa demande de liberté conditionnelle, Oscar Pistorius a rencontré l’an dernier les parents de Reeva Steenkamp. Une étape obligatoire visant, selon les autorités, à s’assurer que les détenus « reconnaissent le mal causé ». En mars, une première demande avait été rejetée. Les services pénitentiaires avaient estimé à la surprise générale que Pistorius, condamné à treize ans et cinq mois de prison en appel, n’avait pas purgé la période de détention minimale requise.

En Afrique du Sud, les prisonniers peuvent bénéficier d’une libération anticipée après la moitié de leur peine écoulée. Pistorius ayant été condamné en première instance, puis plusieurs fois en appel, il avait été calculé que, selon un décompte commençant à la date de sa dernière condamnation, il n’avait pas purgé le temps minimum. Mais la Cour constitutionnelle a contredit ce calcul, estimant le mois dernier que le décompte devait commencer à la date de son premier placement en détention. Toute la procédure a été « très éprouvante sur un plan émotionnel », a souligné l’avocate de la famille, Tania Koen.

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(Avec AFP)

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La famille de la victime ne s’est pas formellement opposée à la remise en liberté de l’ex-champion. © PHILL MAGAKOE / AFP

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