Yacouba Sawadogo, le Burkinabè qui arrêta le désert, est mort

Le paysan, lauréat d’un prix Nobel alternatif en 2018, s’est éteint dans son village du nord du Burkina Faso le 3 décembre.

Yacouba Sawadogo avait réintroduit le zaï, une technique de lutte contre la désertification, au Burkina Faso. © Stefano De Luigi/VII/REDUX-REA

Yacouba Sawadogo avait réintroduit le zaï, une technique de lutte contre la désertification, au Burkina Faso. © Stefano De Luigi/VII/REDUX-REA

JEANNE-LE-BIHAN_2024

Publié le 4 décembre 2023 Lecture : 2 minutes.

« L’homme qui a arrêté le désert » est décédé chez lui, à Gourga, près de la forêt à laquelle il a consacré sa vie. Yacouba Sawadogo avait vu son travail acharné récompensé par le prix Right Livelihood en 2018. Il s’était fait connaître en plantant des arbres durant plus de quarante ans, dans la région du Yatenga (Nord).

Malgré l’aridité du sol, le septuagénaire tradipatricien était parvenu à développer une forêt de près de trente hectares, au sud de Ouahigouya, devenant par la même occasion une figure de proue de la lutte contre la désertification et de la préservation de la biodiversité au Burkina Faso.

la suite après cette publicité

La forêt Bangr-Raaga, le « marché du savoir » en mooré, abrite aujourd’hui plusieurs dizaines d’espèces de végétaux, ainsi que différentes espèces d’animaux. Armé d’une machette, et d’un savoir-faire rodé pendant des décennies, Yacouba Sawadogo s’était notamment appuyé sur la technique du zaï. Utilisée dans plusieurs pays du Sahel, et notamment au Burkina Faso et au Mali, elle consiste à creuser des trous à semis afin d’y concentrer de la matière organique et de l’eau de ruissellement de manière à attirer des termites et favoriser l’infiltration.

Hommages

Si ses voisins étaient sceptiques au premier abord, Yacouba Sawadogo a vu sa popularité augmenter au fil des années. Il a obtenu en 2020 le titre de « Champion de la terre » des Nations unies pour son travail, et a vu ses techniques de reforestation rayonner à travers tout le pays. Dans le Nord, « les gens partaient, les animaux et les arbres mouraient » au début des années 1980, racontait l’agriculteur burkinabè à l’ONU. « Nous avons donc dû chercher une nouvelle façon de cultiver, car toute la bonne terre disparaissait et si nous restions ici à ne rien faire, notre vie était en danger », avait-il expliqué.

L’annonce de sa mort a suscité de nombreuses réactions. Le gouvernement burkinabè a publié un communiqué, dimanche 3 décembre, dans lequel l’exécutif « rend hommage à un visionnaire et à un homme d’action », « un exemple de résilience, d’engagement, de combativité et de persévérance dans la lutte contre la désertification ».

la suite après cette publicité

Pour Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, porte-parole du gouvernement, le combat de Yacouba Sawadogo « doit inspirer les générations actuelles, enseigner aux futures et interpeller nos consciences sur notre responsabilité individuelle et collective dans la préservation de l’environnement ». Le président de la transition, Ibrahim Traoré, a également présenté ses condoléances à la famille de Yacouba Sawadogo et salué son travail sur les réseaux sociaux.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires