À Brazzaville, des comédiens dénoncent les maux de l’Afrique par le rire

Comédiens et humoristes africains se sont retrouvés au 5e festival du Rire Tuseo (Rires, en Kongo, une langue parlée dans le sud du Congo) à Brazzaville pour faire rire des maux de leurs pays, de la corruption à l’incivisme.

L’affiche du 5e festival du Rire Tuseo. © D.R.

L’affiche du 5e festival du Rire Tuseo. © D.R.

Publié le 27 octobre 2012 Lecture : 2 minutes.

Comédiens et humoristes africains se sont retrouvés au 5e festival du Rire Tuseo (Rires, en Kongo, une langue parlée dans le sud du Congo) à Brazzaville pour faire rire des maux de leurs pays, de la corruption à l’incivisme.

Au milieu de la foule qui a pris d’assaut une salle de l’Institut français du Congo, Kenneth Gombo, 31 ans, blouson blanc, éclate de rire à chaque phrase de l’artiste congolais Titus Cosmas, 26 ans: Au Congo, quand un policier arrête un automobiliste, celui-ci présente un billet de banque au lieu des papiers de sa voiture…

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Titus et trois autres comédiens sont venus de Pointe-Noire, une ville du Sud du Congo, Omar Funzu Onguéngué du Gabon, la troupe Toumao Fondation (avec cinq artistes) de la République démocratique du Congo (RDC) pour ce festival sur cinq jours, qui s’achevait samedi. Créé en 2004, il présentait, cette fois, une quizaine de comédiens et d’humoristes, après plusieurs années d’interruption. Tous ou presque s’adressaient au public en solo et debout.

Militant

"Nous avons fait quatre premières éditions test, explique, Lauryathe Bikouta, 43 ans, initiatrice du festival. Cette fois-ci, nous repartons sur une nouvelle base parce que l’événement va désormais être biennal. Nous aurons une année pour la programmation et la sélection des artistes et une autre pour l’organisation proprement dite".

Au départ, l’objectif était clairement militant : "J’ai décidé d’organiser ce festival pour faire oublier les guerres civiles (de la décennie 90) et redonner le sourire aux Congolais. J’ai créé un espace d’expression pour les comédiens", se félicite Lauryathe Bikouta, elle-même comédienne et basée depuis 2008 à Paris.

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"Il ne faut jamais donner à un enfant ou à un pays le nom de la RDC, ça signifie rez-de-chaussée (…) Là-bas chaque fois que tu prends un avion, il fait crash", ironise Titus Cosmas sur scène, pour dénoncer les mauvaises conditions de transports dans ce pays. Et pour Omar de Funzu, on rencontre toutes les TVA en Afrique: Taxe sur le Virus en Augmentation (allusion aux malades du sida), Taxe des Vauriens en Augmentation (pour parler des mauvaises conditions et de la mauvaise qualité de l’éducation), Taxe sur le Ventre Affamé (évoquant la malnutrition)…

La RDC est le pays des contrastes : le cobalt, l’or, le diamant, le zinc, le coltan dominent notre sous-sol, mais on n’a jamais réussi à vaincre la faim, la pauvreté et le chômage, insiste l’artiste Didier Besongo, du groupe de comédiens Toumao Fondation. Le rire était aussi écologique: samedi, tous les invités du festival sont allés planter des centaines d’arbres dans une bourgade au nord de Brazzaville, en affirmant que planter un arbre, c’est planter un sourire.

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