Blé Goudé, Soro et leurs « papas »

Charles Blé Goudé demande à Guillaume Soro de se rapprocher d’Alassane Ouattara, « son papa ». Comme lui affirme vouloir le faire avec le sien, Laurent Gbagbo.

 © Damien Glez

© Damien Glez

 © GLEZ

Publié le 12 décembre 2023 Lecture : 2 minutes.

Tous les deux – anciens syndicalistes étudiants de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) au cours des années 1990 – comptaient parmi les jeunes pousses politiques de la longue crise ivoirienne, dans les années 2000. Charles Blé Goudé sera condamné à vingt ans de prison, après un procès pour des « actes de torture, homicides volontaires et viol ». Guillaume Soro écopera, lui, d’une peine de prison à perpétuité pour « atteinte à l’autorité de l’État », « complot » et « diffusion de fausses informations ». Chacun goûtera aux séjours de longue durée en terres européennes…

« Africains avant tout »

Les deux sont nés en 1972. Le premier, Blé Goudé, est rentré en Côte d’Ivoire en novembre 2022. Le second, Soro, dernier chaînon du personnel politique des années 2000 manquant à l’appel ivoirien, pénètre progressivement des cercles concentriques qui le rapprochent d’Abidjan, avec escale dans l’alliance des États du Sahel…

la suite après cette publicité

En ce début décembre, c’est sur La Nouvelle Chaîne Ivoirienne (NCI) que Charles Blé Goudé s’adressait à Guillaume Soro, sur un ton autoqualifié de « fraternel » et « amical », étonnamment pacificateur, si l’on se remémore leurs tensions des années 2000. Le « jeune vieux sage » interpelle « son » ancien Premier ministre et président de l’Assemblée nationale, entre plaidoirie humanitaire et invocation des traditions intergénérationnelles africaines. « Nous sommes Africains avant tout », insiste deux fois Blé Goudé…

Pour ce qui est de la dimension humanitaire, il affirme ne pas reconnaître Soro, qu’il semble supposer comme étant « pas bien dans sa tête ou physiquement » et  qu’il « appelle à l’humanisme ». En ce qui concerne la convocation des traditions ancestrales, Blé Goudé demande « à Guillaume Soro de taper à la porte de son papa Alassane Ouattara. C’est lui qui l’a dit : c’est son fils ». Il précise que toute autre voie que l’« humilité » serait « suicidaire »…

Blé Goudé « comédien » ?

Comme les observateurs aiment faire le parallèle entre les parcours des deux hommes, Blé Goudé explique lui-même qu’il fait une démarche identique à celle qu’il a demandée, mais en direction, lui, de « papa » Laurent Gbagbo. Tout en affirmant qu’il ne sait pas « ce qu’il a fait » pour susciter la froideur de son ancien mentor.

Le visage rassembleur de Blé Goudé ne manque pas de faire bruisser les réseaux sociaux. Koffi René kadjo Djidji, un de ses abonnés X (anciennement Twitter), semble abasourdi : « Est-ce que je rêve ou c’est de la réalité que je viens de lire ? » Plus cynique, le compte La feuille de taro qualifie Blé Goudé de « comédien ». Encore plus grinçant, et manifestement agacé, le compte Ma patrie appelle le créateur du Congrès panafricain des jeunes et des patriotes (Cojep) – Blé Goudé qu’il qualifie de « neveu » – à demander à Alassane Ouattara « qui a empêché le Président Guillaume Soro de rentrer le 23 décembre 2019 ? »…

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires