Le Mali enterre l’accord de paix d’Alger

La junte au pouvoir à Bamako a annoncé le 25 janvier la fin, « avec effet immédiat », de l’accord d’Alger signé avec les groupes indépendantistes du nord du Mali.

Des combattants touaregs de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) circulent près de Kidal, dans le nord du Mali, en septembre 2016. © STRINGER / AFP

Des combattants touaregs de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) circulent près de Kidal, dans le nord du Mali, en septembre 2016. © STRINGER / AFP

Publié le 26 janvier 2024 Lecture : 2 minutes.

Déjà moribond, l’accord d’Alger est désormais mort et enterré, ont annoncé jeudi soir les autorités maliennes. Dans un communiqué lu à la télévision d’État par le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement installé par les militaires, ce dernier a invoqué « le changement de posture de certains groupes signataires », mais aussi « les actes d’hostilité et d’instrumentalisation de l’accord de la part des autorités algériennes dont le pays est le chef de file de la médiation ». Le gouvernement « constate l’inapplicabilité absolue » de l’Accord d’Alger, « et, par conséquent, annonce sa fin, avec effet immédiat », ajoute le communiqué.

Le traité avait déjà considérablement été mis à mal par la reprise en 2023 des hostilités contre l’État central et l’armée malienne par les groupes indépendantistes à dominante touareg du Nord, dans le sillage du retrait de la mission des Nations unies (Minusma), poussée vers la sortie après dix années de présence.

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L’accord avait reçu un rude coup supplémentaire le 31 décembre quand le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, avait annoncé lors de ses vœux de Nouvel An la mise en place d’un « dialogue direct inter-malien », donc sans médiation internationale contrairement à ce que prévoit l’accord d’Alger.

« Pas d’autre choix que de livrer cette guerre »

« Tous les canaux de négociations sont désormais fermés, a fait savoir Mohamed El Maouloud Ramadane, porte-parole du Cadre stratégique permanent, alliance de groupes armés qui avaient signé l’accord de 2015 avant de reprendre les armes l’an dernier. Nous n’avons pas d’autre choix que de livrer cette guerre qui nous est imposée par cette junte illégitime avec qui le dialogue est impossible. »

L’officialisation de la fin de l’accord s’inscrit dans le prolongement d’une série de ruptures auxquelles ont procédé les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020. Ils ont rompu l’alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens pour se tourner vers la Russie et ont fait partir la Minusma. Elle intervient aussi dans un climat de profonde dégradation des relations entre le Mali et le grand voisin algérien, avec lequel le Mali partage des centaines de kilomètres de frontière.

L’Algérie mise en garde

Le colonel Maïga a lu jeudi soir un autre communiqué au ton vigoureux visant spécifiquement l’Algérie. Le gouvernement « constate avec une vive préoccupation une multiplication d’actes inamicaux, de cas d’hostilité et d’ingérence dans les affaires intérieures du Mali par les autorités » algériennes, dit-il.

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Il dénonce aussi « une perception erronée des autorités algériennes qui considèrent le Mali comme leur arrière-cour ou un État paillasson, sur fond de mépris et de condescendance ». Parmi différents griefs, la junte reproche à l’Algérie d’héberger des bureaux de représentation de certains groupes signataires de l’Accord de 2015 et devenus « des acteurs terroristes ». Bamako « exige des autorités algériennes de cesser immédiatement leur hostilité ».

(Avec AFP)

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