Une Maison Esclavages & Résistances à Bordeaux en 2025 ?

L’ancienne ville négrière française, enrichie par le commerce colonial, pourrait se doter d’une structure mémorielle installée près du fleuve.

L’élu de la région Nouvelle-Aquitaine d’origine sénégalaise Karfa Sira Diallo, le 19 octobre 2018. © Alexandre Dupeyron pour JA

L’élu de la région Nouvelle-Aquitaine d’origine sénégalaise Karfa Sira Diallo, le 19 octobre 2018. © Alexandre Dupeyron pour JA

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 2 février 2024 Lecture : 2 minutes.

La Maison Esclavages & Résistances (MER) serait-elle sur le point de voir le jour à Bordeaux, dans le sud de la France ? Selon l’un de ses principaux promoteurs, Karfa Sira Diallo, élu (écologiste) de la région Nouvelle-Aquitaine et d’origine sénégalaise, il y a actuellement « un bon alignement des planètes ».

Le 31 janvier, après la présentation du rapport de préfiguration de la MER rendu au maire, Pierre Hurmic, le 12 mai précédent, la direction du port a annoncé son intention de mettre à disposition un terrain près du fleuve, sur les bassins à flot, à proximité du projet de Port Center lancé conjointement par le port, la métropole et l’Union maritime et portuaire.

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Auditorium, jardin des mémoires…

Un projet de l’architecte Julie Druillet existe déjà. Il comprend un auditorium, un « bureau des mémoires », des ateliers et salles d’exposition, un jardin des mémoires, des résidences d’artistes. L’investissement est estimé à 3,5 millions euros, et le budget de fonctionnement annuel, à 300 000 euros.

Les partenaires financiers envisagés sont la Ville, la métropole, le département, la région, l’État, et, bien entendu, différentes formes de mécénat. Selon Karfa Diallo, fondateur-directeur de l’association Mémoires & Partages, qui a mené une consultation citoyenne sur le sujet, « aucune somme n’est disponible pour l’instant, mais la région Nouvelle-Aquitaine est la première collectivité à annoncer sa participation financière. Les autres se prononceront après l’installation du comité de pilotage [effective depuis le 31 janvier]. »

Plus de 150 000 Africains déportés

Dans sa note d’intention, l’architecte Julie Druillet résume l’essence du projet : « Il est aujourd’hui plus que nécessaire de mettre fin au silence et de réhabiliter un pan de l’histoire de Bordeaux. C’est par son ancien rôle dans le trafic colonial que Bordeaux constitue un territoire fertile à l’exercice de la commémoration. On recense 400 expéditions en partance de [la ville], ce qui a engendré la déportation et [la réduction en] esclavage de plus de 150 000 Africains. Ce projet a donc pour but d’assumer une partie de l’histoire de Bordeaux en instaurant une véritable gouvernance mémorielle autour d’une maison contre les esclavages. »

La mission de préfiguration entend « fixer à deux ans, au plus tard au 31 décembre 2025, sa dissolution et son remplacement par la structure chargée d’administrer la Maison Esclavages & Résistances ».

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Parmi les activités que proposerait la MER figurent parcours mémoriels, expositions, projections, conférences, résidences d’artistes, salon du livre, ou encore le Black History Month – ce dernier étant promu par l’association Mémoires & Partages. La sixième édition bordelaise de cet événement (du 3 au 29 février) sera consacrée au centenaire de la naissance d’Amílcar Cabral et aux « créolisations lusophones ».

Interrogé sur l’intention qu’on lui prête de prendre la direction de la MER, dont il est le principal promoteur, Karfa Diallo répond, en bon politique : « Dans l’hypothèse où la Maison deviendrait réalité, j’ai assez de travail en tant qu’élu et directeur de Mémoires & Partages, mais je ne fuirais pas mes responsabilités si cela se révélait nécessaire ».

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