Assimi Goïta, l’après-Barkhane et la transition sans fin

Deux ans après l’annonce du retrait de Barkhane, six mois avant le quatrième anniversaire de son premier putsch et à la date qui aurait dû être celle d’une présidentielle, le chef de la transition malienne a réuni les responsables de son système sécuritaire.

© Damien Glez

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Publié le 20 février 2024 Lecture : 2 minutes.

17 février 2022. Paris. Élysée. Aux côtés du président du Conseil européen Charles Michel, Emmanuel Macron présente le redéploiement envisagé des troupes françaises dédiées à la lutte contre le djihadisme dans le Sahel. Prosaïquement, l’élégant terme « redéploiement » signifie la fin de l’opération militaire Barkhane au Mali. Pour démontrer que son pays ne boude pas l’Afrique et que des régimes ouest-africains sont associés à sa stratégie sécuritaire, le président français est alors flanqué des chefs d’État ghanéen et sénégalais.

Deux ans après l’annonce au forceps, Nana Akufo-Addo vient de purger un gouvernement plombé par une crise économique qui sonne le glas d’un ultra-souverainisme financier. À moins de deux mois de la fin de son dernier mandat, Macky Sall vient quant à lui d’être recadré par son Conseil constitutionnel, devant une communauté internationale médusée. Les deux présidents sont traités de « valets locaux » dans les supports médiatiques favorables aux régimes putschistes de l’Alliance des États du Sahel (AES)…

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Deux ans sans Barkhane

C’est l’aîné – en putsch – de cette Alliance qui semble avoir saisi l’anniversaire de ce que certains considèrent comme une déculottée des Français pour faire le point, justement, sur la situation sécuritaire malienne. Ce 19 février, le colonel Assimi Goïta réunissait les chefs d’état-major et les directeurs de services des Forces de défense et de sécurité (FDS). Alors que les informations indépendantes ne courent guère plus la savane, il s’agissait tout à la fois de se prêter à un exercice dit « républicain » de diagnostic de la situation sécuritaire et de galvaniser les troupes des fronts militaires et numériques.

Un clin d’œil à peine appuyé à ces deux années de divorce d’avec la France, les chefs militaires ont passé en revue le contexte géopolitique international, à coup de satisfecit. Pour le ministre de la Défense et des Anciens combattants, le système de défense et de sécurité du Mali est caractérisé par sa cohérence. Non sans mobiliser l’opinion d’un peuple malien dont il a vanté « le soutien indéfectible à l’armée », le colonel Sadio Camara a déclaré que les FDS sont désormais équipées et prêtes à assurer, de manière autonome, leur mission de protection de l’intégrité territoriale, des individus et de leurs biens.

Calendrier sécuritaire ou démocratique

Le terme « désormais » tend à démontrer que la page des présences militaires étrangères est tournée et que la guerre contre le jihadisme peut enfin prendre toute son ampleur. Il laisse aussi entendre que l’action du régime pourrait encore se prolonger un certain temps. Et le sous-entendu prend tout son sens en février, et pas seulement pour l’anniversaire d’une annonce élyséenne. C’est en effet lors de ce même mois de février, en 2024, que devait se dérouler initialement l’élection présidentielle au Mali.

Si Sadio Camara a fait un cliché photographique de la situation sécuritaire actuelle, Assimi Goïta s’est, lui, inscrit davantage dans l’avenir, en esquissant les orientations prioritaires. Cela tombe bien : pour lui, 2024 sera l’occasion d’au moins un autre anniversaire. Dans six mois exactement, cela fera quatre ans que le colonel s’est hissé au sommet de la hiérarchie politique malienne.

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