« Nous ne savons pas où aller » : à Gaza, la crise humanitaire semble sans issue

Après le rejet d’un projet de résolution de l’ONU appellant à un cessez-le-feu « humanitaire immédiat », les espoirs d’un arrêt des combats entre Israël et le Hamas apparaissent de plus en plus minces.

Des fusées éclairantes illuminent le ciel nocturne au-dessus de Khan Youns, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 février 2024. © SAID KHATIB / AFP.

Des fusées éclairantes illuminent le ciel nocturne au-dessus de Khan Youns, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 février 2024. © SAID KHATIB / AFP.

Publié le 21 février 2024 Lecture : 3 minutes.

La bande de Gaza est toujours plongée ce 21 février dans une situation humanitaire catastrophique, au lendemain de frappes israéliennes meurtrières contre le territoire. Dans le même temps, les États-Unis ont mis leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui exigeait un cessez-le-feu « humanitaire immédiat ».

Premier soutien d’Israël, Washington estime que cette résolution aurait mis en danger les négociations diplomatiques délicates sur le terrain pour obtenir une trêve incluant une nouvelle libération d’otages.

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L’ambassadeur palestinien à l’ONU a fustigé un veto « dangereux », le Hamas y voyant un « feu vert » à Israël pour perpétrer davantage de « massacres ». À New York, les États-Unis ont présenté un projet alternatif au texte auquel ils ont mis leur veto. Alors qu’ils s’étaient jusqu’ici systématiquement opposés à l’utilisation du terme « cessez-le-feu », leur version soutient un cessez-le-feu, mais pas immédiat, et sous conditions.

Aucun vote n’est prévu à ce stade sur ce projet qui prévient en outre qu’ « une offensive terrestre d’ampleur » sur Rafah « ne devrait pas avoir lieu dans les conditions actuelles ». Une telle offensive transformerait cette ville en « cimetière », a affirmé le 20 février la patronne de l’antenne américaine de Médecins sans frontières (MSF), prévenant avec d’autres ONG du risque de famine sur place. Près de 1,5 million de personnes, selon l’ONU, sont massées dans cette ville située dans le sud du territoire palestinien contre la frontière fermée avec l’Égypte et dont la population a été multipliée par six depuis le début de la guerre, le 7 octobre, entre Israël et le Hamas.

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a annoncé une prochaine offensive sur la ville surpeuplée, visée quotidiennement par des frappes israéliennes, afin de vaincre le mouvement islamiste palestinien dans son « dernier bastion » et libérer les otages retenus à Gaza. Cette perspective inquiète la communauté internationale, alors que les espoirs d’un arrêt des combats sont de plus en plus minces. Le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, installé au Qatar, est toutefois arrivé mardi 20 février au Caire pour de nouvelles discussions sur une trêve avec des responsables égyptiens.

Au moins quinze personnes ont été tuées le 20 février au soir dans « un bombardement israélien qui a visé une maison à Deir al-Balah », dans le centre du territoire, selon le ministère de la Santé du Hamas. Plus tôt, des frappes ont visé Khan Younès, à quelques kilomètres au nord de Rafah, selon un journaliste, où les soldats israéliens traquent les combattants du Hamas au milieu des ruines.

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L’ONG MSF s’est dite inquiète de la situation à l’hôpital Nasser de Khan Younès, où, selon elle, du personnel médical et des patients sont bloqués depuis le raid de l’armée israélienne du 15 février. « Profondément préoccupée » par le sort de ces patients, MSF a appelé « à leur évacuation en toute sécurité ».

Famine, chaos et violence

« Nous ne savons pas où aller », a raconté Abdullah Al-Qadi, un homme de 67 ans qui habite Zaytoun, un quartier de Gaza-ville, dans le nord, également bombardé : « Nous mourrons dans notre maison et cela vaut mieux que l’humiliation dont nous parlent nos proches qui ont été déplacés. Les gens sont humiliés et détruits. »

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Les rapports des organisations humanitaires sont de plus en plus alarmants sur la situation dans la bande de Gaza, dévastée et assiégée par Israël, où 2,2 millions de personnes sont menacées de famine, selon l’ONU. Les denrées alimentaires et l’eau potable sont devenues « extrêmement rares » à Gaza, selon les agences de l’ONU qui s’inquiètent d’une « explosion » imminente du nombre de décès d’enfants.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a suspendu à nouveau, le 20 février, la distribution de son aide dans le nord du territoire, en proie « au chaos et à la violence ». Cette décision « signifie une condamnation à mort et la mort pour trois quarts de million de personnes » et « conduira à une catastrophe internationale », a réagi le service de presse du gouvernement de Gaza, appelant le PAM à « revenir immédiatement sur sa décision désastreuse ».

L’aide humanitaire, toujours insuffisante, entre dans la bande de Gaza essentiellement par Rafah via l’Égypte, mais son acheminement dans le nord est rendu presque impossible par les combats et les destructions. « Les gens au nord meurent de faim et nous, ici, nous mourons à cause des bombardements », a déclaré Ayman Abou Shammali, blessé lors d’une frappe à Zawayda, dans le centre du territoire.

(avec AFP)

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