BraFaso, résurrection d’une brasserie patriote grâce à un partenaire chinois ?

Ce 4 mars, le gouvernement burkinabè de transition a signé, avec une compagnie chinoise, une convention en vue de la reprise des activités de la société Brasseries du Faso.

© Damien Glez

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Publié le 5 mars 2024 Lecture : 2 minutes.

En Afrique francophone, la bière est tout à la fois une affaire sérieuse, un symbole et un carburant pour la souveraineté nationale. Chacun se souvient du psychodrame vécu par les amateurs de houblon, en 1994, lors d’une dévaluation du franc CFA qui concernait pourtant bien d’autres aspects de la vie quotidienne. La boisson fermentée peut également être perçue comme un symbole de résistance, dans des pays sahéliens assiégés par des groupes jihadistes qui se cachent derrière un islam pourfendeur de la consommation d’alcool.

La bière et les autres boissons de grande consommation sont même devenues un carburant de la quête d’une nouvelle souveraineté au Burkina Faso, où un supplément de 100 F CFA par bouteille de bière a été décrété, en janvier 2023, au nom de l’effort de guerre.

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Au « pays des hommes intègres », c’est le groupe Castel – brasseur des boissons Brakina et So.b.bra – qui est le premier concerné par ce mode de financement, notamment, des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), via le Fonds de soutien patriotique. Revanche ou ironie du sort ? Au Burkina Faso, le géant de l’hydratation festive est français.

Renaître de son houblon

Non sans faire vibrer la corde du chauvinisme, l’homme d’affaires burkinabè Panguéba Mohamed Sogli avait lancé, en 2002, les Brasseries du Faso (BraFaso). Un parcours du combattant qui conduira à une suspension des activités et à une liquidation judiciaire, après la mise sur le marché de sodas et avant que le gouvernement n’évoque, en 2011, la possibilité d’une aide publique pour un rachat de créances et un redressement de l’entreprise.

Si, depuis plus d’une décennie, le marché n’a rien humé du côté de la brasserie de la commune de Komsilga, la relance de BraFaso semble de nouveau d’actualité, dans un Burkina qui prône la priorité toute sankariste aux produits purement burkinabè. Ce 4 mars, à Ouagadougou, en présence du ministre du Développement industriel, du Commerce, de l’Artisanat et des Petites et Moyennes Entreprises, Serge Gnaniodem Poda, et de son collègue de l’Économie, des Finances et de la Prospective, Aboubakar Nacanabo, le gouvernement burkinabè signait une convention avec la compagnie Lehui pour la reprise des activités de la société Brasseries du Faso.

Patriotisme industriel à confirmer

Une société chinoise pour contrer l’omniprésence d’un géant français sur le secteur de la boisson ? Si le principe qui consiste à ne compter que sur ses forces nationales ne semble pas très abouti, la concurrence, quelle qu’elle soit, peut toujours être considérée comme saine et l’identité du nouveau partenaire plus conforme à la liste des nouveaux amis des États du Sahel.

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Avant de juger l’opportunité de l’opération, il faudra attendre de connaître les clauses de cette convention fraîchement signée, lesquelles n’ont pas été dévoilées par les services de communication.

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