Football algérien : Vladimir Petkovic, une nomination qui divise

La Fédération algérienne de football (FAF) a choisi Vladimir Petkovic pour succéder à Djamel Belmadi à la tête de la sélection nationale. Un choix qui suscite déjà des commentaires divers et variés.

Vladimir Petkovic lorsqu’il dirigeait le club de Ligue 1 française les Girondins de Bordeaux, le 7 janvier 2022. © ROMAIN PERROCHEAU / AFP

Vladimir Petkovic lorsqu’il dirigeait le club de Ligue 1 française les Girondins de Bordeaux, le 7 janvier 2022. © ROMAIN PERROCHEAU / AFP

Alexis Billebault

Publié le 8 mars 2024 Lecture : 4 minutes.

Des pistes sérieuses – les Portugais Carlos Queiroz et José Peseiro, le Bosno-Croato-Suisse Vladimir Petkovic, dont les noms figuraient dans la short list dégagée par la commission nommée par Walid Sadi, le président de la FAF –, d’autres moins – le Sénégalais Aliou Cissé et le Français Hubert Velud – et des hypothèses beaucoup plus illusoires, menant à Zinédine Zidane ou Laurent Blanc.

Il fut également question du français Hervé Renard, très apprécié en Algérie. Mais le Savoyard,  sous contrat jusqu’à la fin du mois d’août 2024 avec la Fédération française de football (FFF) en tant que sélectionneur de l’équipe nationale féminine, n’était pas immédiatement disponible, alors que Sadi voulait boucler le dossier à la fin du mois de février.

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Depuis le limogeage de Djamel Belmadi après une seconde Coupe d’Afrique des nations consécutive ratée, les supporteurs des Fennecs ont été abreuvés d’informations plus ou moins fiables par les médias.

Un salaire mensuel de 135 000 euros

Le président de la FAF a finalement choisi Vladimir Petkovic (60 ans), qui fera ses débuts à la tête de la sélection nationale face à la Bolivie le 23 mars et à l’Afrique du Sud trois jours plus tard, à l’occasion d’un tournoi international organisé en Algérie sous l’égide de la Fifa. Petkovic a signé un contrat de deux ans qui sera prolongé jusqu’au 31 juillet 2026 si l’Algérie se qualifie pour la Coupe du monde 2026 aux États-Unis, au Canada et au Mexique.

Il percevra un salaire mensuel de 135 000 euros, loin des 208 000 euros accordés à son prédécesseur. Une rémunération qui pourrait être assortie de primes juteuses en cas de qualification pour la CAN 2025 au Maroc et pour la Coupe du monde 2026, et aussi en fonction du parcours des Fennecs dans les deux compétitions.

Lorsqu’il était sélectionneur de la Suisse (2014 à 2021), Petkovic gagnait 70 000 euros par mois. Aux Girondins de Bordeaux, alors en Ligue 1 française, où il est nommé en juillet 2021, il percevra un salaire mensuel de 280 000 euros, jusqu’à son limogeage sept mois plus tard.

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Vladimir Petkovic n’était pas le premier choix de la FAF. Cet ancien milieu offensif né à Sarajevo a effectué une carrière modeste en Yougoslavie puis en Suisse. En tant qu’entraîneur, il s’est surtout distingué en remportant la Coupe d’Italie avec la Lazio de Rome en 2013, puis en qualifiant la Suisse pour le Mondial 2018 (8e de finale) et pour les Euros 2016 (8e de finale) et 2020 (1/4 de finale).

« Petkovic manque d’expérience africaine »

« On ne le connaissait pas forcément beaucoup avant que son nom ne commence à circuler. Les gens se sont renseignés sur lui. Certains, notamment les supporteurs de Belmadi, le critiquaient avant même sa nomination, et cela continue. D’autres sont optimistes, et entre les deux, il y a les dubitatifs », résume Yazid Ouahib, chef du service des sports du quotidien El Watan.

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Sans être un fervent partisan de Djamel Belmadi, l’ancien international et sélectionneur algérien Ali Fergani s’interroge sur la pertinence de cette nomination. « Ce qui m’interpelle, ce ne sont pas les qualités de Petkovic, qui a eu des résultats avec la Suisse, une bonne sélection européenne. Mais plutôt le fait qu’il n’a jamais travaillé en Afrique, ce qui peut être un handicap, et qu’il ne maîtrise pas très bien le français, alors que la sélection est en majorité composée de binationaux nés en France. »

Le nouveau coach des Fennecs est en effet beaucoup plus à l’aise en italien, langue qu’il a choisie pour s’exprimer lors de sa première conférence de presse, assisté d’une interprète qui traduisait ses propos en français. Une langue qu’il comprend mieux qu’il ne la parle. « Je ne pense pas que cela soit un problème majeur. Pour des questions d’ordre tactique, la communication se fera. Les joueurs ont l’habitude, en club, de travailler avec des entraîneurs d’une autre nationalité que la leur », tempère l’ex-international Chaabane Merzekane.

Dans un pays où le football, et particulièrement l’équipe nationale, sont des sujets très sérieux, l’arrivée d’un nouveau sélectionneur laisse supposer que l’heureux élu devra rapidement avoir des résultats. « Laissons-le arriver, prendre ses marques. Il ne faudra pas commencer à le juger après les deux matches amicaux de mars, où il fera probablement quelques essais. Ni même en juin, après les deux rencontres qualificatives pour la Coupe du monde 2026 contre la Guinée et en Ouganda », plaide Merzekane.

Mahrez, Feghouli et M’Bolhi écartés ?

Avec deux victoires en deux matchs face à la Somalie (3-1) et au Mozambique (2-0), les Algériens ont pris un très bon départ dans ces éliminatoires. « Attendons la fin de l’année, après les qualifications pour la CAN 2025 [les six matchs auront lieu en septembre, octobre et novembre face à des adversaires qui ne sont pas encore connus, NDLR], pour faire un premier bilan », poursuit-il.

Lors de sa première conférence de presse, le nouveau patron technique des Fennecs, dont un des adjoints sera Nabil Neghiz, qui a déjà occupé cette fonction entre 2014 et 2016, a laissé entendre qu’il procèdera à quelques ajustements au sein de son effectif. Des changements qui pourraient concerner quelques trentenaires, tels le gardien Raïs M’Bolhi (37 ans), Sofiane Feghouli (34 ans), Islam Slimani (35 ans) et peut-être même Riyad Mahrez (33 ans), transparent lors de la CAN ivoirienne, et convoquer quelques nouveaux joueurs, dont des binationaux.

« Il faut effectivement rajeunir l’équipe, mais sans tout révolutionner. Il ne va pas tout changer en deux mois. Laissons-lui le temps de mettre en place ses idées. C’est un homme qui a dirigé une des quinze meilleures sélections d’Europe, il a les épaules pour l’Algérie », explique l’ancien international Bilel Dziri, désormais entraîneur de l’ES Ben Aknoun (Ligue 1).

Après avoir connu une stabilité technique sans précédent durant l’ère Belmadi (août 2018-janvier 2024) et remporté la CAN en 2019, les Fennecs ont ouvert un nouveau chapitre de leur histoire. Vladimir Petkovic, qui passera près de trois semaines par mois dans le pays, se sait très attendu. Au moins autant que Walid Sadi, empêtré dans le dossier du coûteux licenciement de Belmadi, et qui espère très fort avoir effectué le bon choix.

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