À Gaza menacé de famine, un centre de l’ONU frappé par Israël

Au moins un employé de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a été tué. Les États-Unis tentent toujours, avec le Qatar et l’Égypte, d’arracher un accord pour une trêve de plusieurs semaines entre Israël et le Hamas.

Des travailleurs de l’Unrwa dans un centre de distribution d’aide à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, après une frappe israélienne, le 13 mars 2024. © MOHAMMED ABED / AFP.

Des travailleurs de l’Unrwa dans un centre de distribution d’aide à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, après une frappe israélienne, le 13 mars 2024. © MOHAMMED ABED / AFP.

Publié le 14 mars 2024 Lecture : 4 minutes.

Un premier bateau chargé de 200 tonnes de vivres progresse lentement ce 14 mars vers la bande de Gaza, au moment où les efforts s’accélèrent pour tenter d’acheminer davantage d’aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé par Israël et menacé de famine.

Après plus de cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas, l’ONU craint une famine généralisée dans la bande de Gaza, où des dizaines de milliers de personnes ont déjà été tuées et où les bombardements israéliens se poursuivent sans répit.

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En réponse à l’attaque du Hamas du 7 octobre qui a fait au moins 1 160 morts, en majorité des civils, selon un décompte, Israël a promis « d’anéantir » le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une offensive qui a fait 31 272 morts dans l’enclave palestinienne, selon les derniers chiffres communiqués par le ministère de la Santé du Hamas. Ce dernier a fait état tôt le 14 mars de 79 morts dans des frappes israéliennes au cours de la soirée et la nuit.

« La famine s’étend »

Au sein de la bande de Gaza, la distribution de l’aide demeure hasardeuse. Le 13 mars, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé que l’un de ses entrepôts à Rafah, dans le sud de Gaza, avait été touché par une frappe qui a tué au moins l’un de ses employés et blessé plusieurs autres, le ministère de la Santé du Hamas évoquant lui quatre morts.

« L’attaque d’aujourd’hui sur l’un des rares centres de distribution de l’Unrwa encore opérationnels dans la bande de Gaza intervient au moment où la malnutrition, voire la famine dans certaines zones, s’étend », a souligné le dirigeant de l’agence, Philippe Lazzarini.

L’armée israélienne a annoncé avoir « éliminé » un cadre du Hamas dans une frappe ciblée à Rafah. Cet homme, Mohammad Abou Hasna, figure parmi les quatre morts recensés par le mouvement islamiste, qui l’a présenté comme un responsable chargé de la sécurité de l’entrepôt. Tard le 13 mars, le ministère de la santé du Hamas a aussi fait état de sept morts et de nombreux blessés dans des tirs israéliens sur un rassemblement au rond-point « Koweït », carrefour au sud de Gaza City où ont lieu des distributions d’aides alimentaires.

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Aide américaine

L’aide par voie terrestre n’entre qu’au compte-gouttes dans la bande de Gaza, soumise au contrôle d’Israël qui a imposé un siège total au territoire depuis le début de la guerre. Un premier bateau chargé de 200 tonnes de vivres a quitté mardi Chypre pour Gaza. Ce bateau de l’ONG espagnole Open Arms, qui remorque une barge, faisait route à petite vitesse jeudi matin au large d’Israël, selon le site spécialisé Marine Traffic.

Chypre, distante d’environ 370 kilomètres du territoire palestinien, a annoncé qu’un deuxième bateau était prêt à partir avec une cargaison plus importante. Quatre bateaux de l’armée américaine ont par ailleurs quitté les États-Unis le 12 mars avec une centaine de soldats et l’équipement nécessaire à la construction d’une jetée et d’un quai à Gaza pour débarquer l’aide d’humanitaire « d’ici à 60 jours », selon les autorités américaines.

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« Pas d’alternative viable aux routes terrestres »

Ces efforts ne sont toutefois que des pis-aller, rappelle l’ONU selon qui ni les envois par mer ni les parachutages ne peuvent se substituer à la voie terrestre pour l’acheminement de l’aide, un constat largement partagée.

« Il n’y a pas d’alternative valable aux routes terrestres via l’Égypte et la Jordanie et aux points d’entrée d’Israël vers Gaza pour des livraisons d’aide à grande échelle », ont souligné les États-Unis, Chypre, les Émirats, l’Union européenne et le Qatar dans une déclaration conjointe. Ils ont par ailleurs jugé qu’une ouverture du port israélien d’Ashdod à l’aide humanitaire « constituerait un complément bienvenu et significatif » au dispositif.

Pour l’heure, l’aide par voie terrestre est principalement acheminée de la Jordanie ou de l’Égypte vers deux points de contrôle israéliens du sud de Gaza où les marchandises sont longuement inspectées. Le 12 mars, pour la première fois, l’armée israélienne a autorisé une entrée de camions du Programme alimentaire mondial (PAM) dans le nord de Gaza, suscitant l’espoir d’une accélération des livraisons pour répondre aux besoins immenses des quelque 2,4 millions d’habitants du territoire.

Biden ne soutient pas une invasion de Rafah

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a promis de pousser l’opération terrestre jusqu’à Rafah, une ville jouxtant la frontière fermée avec l’Égypte et où sont massés, selon l’ONU, environ 1,5 million de Palestiniens, ce qui inquiète la communauté internationale, y compris les États-Unis, principal allié d’Israël.

Israël doit faire de la protection des civils et de l’aide humanitaire à Gaza sa priorité « numéro un », a déclaré le 13 mars le secrétaire d’État américain, Antony Blinken. Selon le site Politico, l’administration Biden a par ailleurs fait savoir à Israël qu’elle soutiendrait des frappes ciblées contre le Hamas à Rafah, mais pas une vaste opération militaire.

Washington tente toujours, avec le Qatar et l’Égypte, les deux autres pays médiateurs, d’arracher un accord pour une trêve de plusieurs semaines entre Israël et le Hamas. Dans la nuit, le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a jugé qu’un accord était toujours possible, appelant Israël – qui refuse un cessez-le-feu définitif et plaide plutôt pour une pause dans les combats tout en exigeant des preuves de vie de ses otages – « à abandonner son intransigeance ».

(avec AFP)

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