« Un crime inadmissible » : au Nigeria, Bola Tinubu promet la justice après l’assassinat de 16 militaires

Le chef de l’État nigérian a confié les « pleins pouvoirs » à l’armée pour mener une enquête après que 16 soldats ont été tués le 14 mars dans le sud du pays, au cours d’une mission de conciliation entre deux communautés.

Le président nigérian, Bola Tinubu (au c.), lors de son arrivée à la base militaire aérienne de Maiduguri, en décembre 2023. © Audu MARTE / AFP.

Le président nigérian, Bola Tinubu (au c.), lors de son arrivée à la base militaire aérienne de Maiduguri, en décembre 2023. © Audu MARTE / AFP.

Publié le 18 mars 2024 Lecture : 3 minutes.

Plusieurs responsables politiques et de la société civile ont réagi les 16 et 17 mars après l’annonce de la mort de 16 militaires, tués dans l’État pétrolier du Delta (sud) où ils étaient déployés pour une mission de conciliation entre deux communautés.

Le président nigérian Bola Ahmed Tinubu a déclaré le 17 mars dans un communiqué que les victimes « ont rejoint le panthéon des grands hommes et des grandes femmes qui ont tout donné, avec honneur, au service de notre patrie. »

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L’armée « a reçu les pleins pouvoirs pour traduire en justice toute personne jugée responsable de ce crime inadmissible contre le peuple nigérian », a ajouté le chef de l’État, précisant qu’« un civil a également été tué ».

Mission de conciliation

La veille, l’armée nigériane avait annoncé la mort de 16 militaires, tués le 14 mars alors qu’ils étaient déployés dans le cadre d’une mission de conciliation entre les communautés des deux villages voisins d’Okuama, d’ethnie Urhobo, et d’Okoloba, d’ethnie Ijaw, situés le long de la rivière Forcados.

« Le chef d’état-major de la défense, le général Christopher Gwabin Musa, a ordonné l’ouverture immédiate d’une enquête », a alors précisé l’armée, ajoutant que « quelques arrestations ont été effectuées ».

La presse locale a fait état ces dernières semaines d’affrontements entre ces deux communautés, chacune revendiquant la propriété de terres et se disputant les droits de pêche, qui auraient fait plusieurs morts. Peu de détails sont actuellement disponibles sur les circonstances précises de l’attaque des militaires et les versions divergent.

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« Ce qu’il se passe aujourd’hui dépasse mon entendement et je ne sais pas comment décrire ceux qui sont à l’origine de cet horrible assassinat », a déclaré le 17 mars Ighomrore Hope, directeur du personnel du gouvernement local de Bomadi.

« Les soldats sont venus brûler notre communauté »

« Les jeunes de la communauté d’Okuama et les mercenaires engagés par leurs dirigeants pour nous combattre ne nous ont jamais permis de dormir sur nos deux oreilles depuis la fin de l’année dernière », a expliqué Clement Koki, chef du village d’Okoloba, ajoutant qu’« aucune communauté Ijaw n’a tué de soldat ».

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Un habitant d’Okuama, sous couvert d’anonymat, a soutenu que les déclarations de l’armée étaient « des mensonges » et que « la plupart des soldats présumés morts sont des jeunes d’Okoloba en uniforme militaire » qui avaient « ouvert le feu » contre des habitants d’Okuama, conduisant à une riposte armée. Ensuite, « les soldats sont venus brûler notre communauté vendredi avec douze canonnières », selon la même source.

Les chefs de la communauté d’Okuama étaient injoignables le 17 mars dans l’après-midi. Contactée, l’agence de secours nationale, la Nema, a expliqué « ne pas se rendre sur place » pour des « raisons de sécurité ».

Éviter l’escalade de la violence

Craignant une escalade de la violence, le sénateur de l’État du Delta, Ede Dafinone, a « appelé au calme les factions en conflit », dans un communiqué le 16 mars. « Je souhaite appeler l’armée nigériane à agir discrètement dans cette situation, à ne pas laisser ses émotions prendre le dessus sur son jugement professionnel et à ne pas réduire ses opérations tout en respectant ses engagements auprès des civils à Okuama », a-t-il demandé.

« Je souhaite également appeler les habitants d’Okuama à éviter tout acte de violence susceptible d’aggraver cette crise, qui aurait pu être évitée si les deux parties avaient laissé la raison l’emporter », a-t-il ajouté.

Le gouverneur de l’État du Delta, Sheriff Oborevwori, a affirmé prendre « toutes les mesures nécessaires pour démasquer les auteurs de cet acte ignoble », dans une publication sur les réseaux sociaux samedi.

L’avocat et militant des droits humains Femi Falana a imploré l’armée de « résister à la tentation de soumettre les deux communautés belligérantes à une attaque de représailles », dans une tribune au quotidien Vanguard. Il a notamment appelé à ce que des massacres comme ceux d’Odi, dans l’État de Bayelsa (sud), et de Zaki Biam, dans l’État de Benue (est), survenus respectivement en 1999 et 2001, ne se répètent pas. Dans ces deux cas, l’armée avait exécuté des centaines de civils à la suite de l’assassinat de soldats par les communautés locales.

(avec AFP)

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