Israël cible le plus grand hôpital de Gaza

L’armée israélienne a annoncé lundi 18 mars mener une opération contre l’hôpital Al-Shifa, le plus grand de la bande de Gaza, où se trouvent « des dizaines de milliers » de déplacés, selon le Hamas.

Des enfants font la queue pour les repas fournis par une organisation caritative, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mars 2024. © SAID KHATIB / AFP

Des enfants font la queue pour les repas fournis par une organisation caritative, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mars 2024. © SAID KHATIB / AFP

Publié le 18 mars 2024 Lecture : 3 minutes.

Des soldats israéliens « mènent en ce moment une opération ciblée dans la zone de l’hôpital Al-Shifa » à Gaza-ville (Nord), rapporte lundi matin un communiqué de l’armée israélienne, ajoutant que « l’opération repose sur des informations indiquant l’utilisation de l’hôpital par des terroristes hauts gradés du Hamas ».

Sur place, des témoins ont confirmé à l’AFP « des opérations aériennes » sur le quartier d’Al-Rimal, à Gaza-ville où se trouve l’établissement de santé dans lequel seraient tombés des « éclats d’obus ». Des habitants du quartier ont affirmé que « plus de 45 chars et véhicules blindés de transport de troupes israéliens » étaient entrés dans al-Rimal.

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Des « drones tirent sur les personnes dans les rues »

L’armée israélienne demande à la population d’évacuer la zone de l’hôpital. Selon des témoins sur place, des « drones tirent sur les personnes dans les rues près de l’hôpital ». Le service de presse du gouvernement du mouvement islamiste palestinien Hamas a, lui, affirmé que l’hôpital d’Al-Shifa était « bombardé », précisant que « des dizaines de milliers de personnes déplacées » se trouvaient dans le bâtiment. « L’attaque du complexe médical Al-Shifa avec des chars, des drones et des armes, et les tirs à l’intérieur de celui-ci, est un crime de guerre », a ajouté la même source.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sanglante de ce mouvement islamiste palestinien, l’armée israélienne accuse le Hamas de se servir des établissements de santé comme centres de commandement. L’armée israélienne était entrée dans l’hôpital d’Al-Shifa le 15 novembre avant de s’en retirer. Elle avait dit y avoir trouvé « des munitions, des armes et des équipements militaires » du Hamas, ce que le mouvement a démenti. Israël avait également dit avoir découvert sous l’établissement un tunnel de 55 mètres de long utilisé selon lui « pour du terrorisme ».

L’hôpital ne fonctionne plus qu’a minima et avec une équipe réduite. Moins d’un tiers des hôpitaux de la bande de Gaza sont opérationnels, et ce partiellement, d’après l’ONU.

À l’échelle du territoire côtier assiégé, le bilan humain de la guerre entre Israël et le Hamas ne cesse de s’alourdir avec, selon le ministère de la Santé du Hamas, 31 645 morts depuis le 7 octobre. La plupart des 1,7 million de déplacés de la guerre selon l’ONU ont trouvé refuge dans la ville de Rafah (Sud) collée à la frontière fermée de l’Égypte et quotidiennement bombardée par l’armée israélienne.

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L’offensive sur Rafah « aura lieu »

Tout en réaffirmant sa détermination à lancer une offensive militaire terrestre à Rafah, « dernier bastion du Hamas » selon Israël, Benyamin Netanyahou a assuré dimanche qu’une telle opération ne se fera pas « en laissant la population enfermée sur place ». La communauté internationale redoute la perspective d’un tel assaut. Washington, principal allié d’Israël, répète son opposition à toute offensive à Rafah qui mettrait en péril les civils qui y sont réfugiés. « Aucune pression internationale ne nous empêchera d’atteindre tous les objectifs de notre guerre […] Nous agirons à Rafah, cela prendra quelques semaines mais cela aura lieu », a déclaré Benyamin Netanyahou, selon ses services.

Les appels à un cessez-le-feu se multiplient, alors que la situation humanitaire ne cesse de se détériorer. Israël contrôle l’entrée des aides terrestres à Gaza, qui restent très insuffisantes au regard des besoins immenses des 2,4 millions d’habitants, dont la grande majorité sont menacés de famine selon l’ONU. D’après l’ONG Oxfam, Israël empêche « délibérément » l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, qu’il s’agisse de nourriture ou d’équipements médicaux, en violation du droit humanitaire international.

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Les pays médiateurs – États-Unis, Qatar, Égypte – tentent, de parvenir à une nouvelle trêve après celle d’une semaine fin novembre. Mais Benyamin Netanyahou a indiqué qu’il n’accepterait pas un accord « qui rend Israël faible et incapable de se défendre ».

Le Hamas s’est dit prêt, dans une nouvelle proposition, à une trêve de six semaines, pendant laquelle 42 otages – femmes, enfants, personnes âgées et malades – seraient libérés en échange de 20 à 50 prisonniers palestiniens contre chaque otage relâché. Il réclame aussi « le retrait de l’armée des villes et zones peuplées », le « retour des déplacés » et l’entrée de 500 camions d’aide par jour à Gaza, selon un de ses cadres.

(Avec AFP)

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