En Algérie, Boualem Boualem se met à l’écoute des investisseurs mécontents

Le directeur de cabinet d’Abdelmadjid Tebboune gagne en influence. Il vient d’être chargé d’une nouvelle mission : retrouver la confiance des patrons algériens après l’épisode compliqué du « comité interministériel » qui les avait soumis à de violentes pressions.

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, serrant la main de Boualem Boualem. © DR

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, serrant la main de Boualem Boualem. © DR

Publié le 20 mars 2024 Lecture : 3 minutes.

C’est un signe supplémentaire de la puissance de ce haut cadre de l’État, qui concentrait déjà entre ses mains énormément de responsabilités et de pouvoir. Mardi 19 mars, Boualem Boualem a officiellement pris ses fonctions de président du comité national supérieur chargé de statuer sur les recours des investisseurs s’estimant lésés dans le cadre de « l’application des dispositions de la loi relative à l’investissement dont la décision est exécutoire, sans appel, dans un délai de huit jours à compter de la date de son prononcé ». Autant dire que derrière cet intitulé long et compliqué, le dossier est considéré comme hautement prioritaire et important par le président de la République. Et que son directeur de cabinet sera, sur le sujet, l’unique centre de décision.

Outre son président, la Haute commission nationale des recours liés à l’investissement nouvellement créée est composée, pour un mandat de trois ans renouvelable une fois, d’un magistrat de la Cour suprême, d’un deuxième issu du Conseil d’État et d’un troisième venu de la Cour des comptes, ainsi que de trois experts économiques et financiers, indépendants, désignés par le chef de l’État Abdelmadjid Tebboune. Ils devront transmettre à ce dernier un rapport semestriel sur les problèmes récurrents auxquels sont confrontés les investisseurs, et formuler des recommandations.

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Ancien conseiller à la Cour suprême, Boualem Boualem cumule ainsi de larges prérogatives qui viennent s’ajouter à son poste de chef de cabinet de la présidence, auquel il a été confirmé en janvier 2024. Il assurait jusque-là cette fonction par intérim, suite à la nomination, le 11 novembre 2023, du précédent titulaire du poste, Nadir Larbaoui, comme Premier ministre. C’est sous la supervision de Boualem Boualem que sont menées les enquêtes d’habilitation avant l’éventuelle nomination des ministres et des hauts cadres de l’État et de l’administration. Une sorte de profilage permettant de tout savoir du candidat ou de la candidate à une haute fonction : cursus universitaire, statut marital, entourage, fréquentations, antécédents judiciaires, opinions politiques, patrimoine, voyages à l’étranger, etc.

Directeur de cabinet multifonction

Boualem Boualem se charge, en outre, de suivre l’activité de l’exécutif, d’analyser et d’élaborer des notes sur la situation politique, économique et sociale du pays, de livrer les éléments nécessaires à la prise de décision, d’assurer les relations avec les formations politiques et le mouvement associatif, d’évaluer les performances des services publics à la lumière des requêtes et des pétitions émises par des citoyens et par les associations dont il gère le traitement, de superviser les relations avec les médias étrangers et nationaux et de suivre le traitement et l’analyse des requêtes spéciales.

Il a aussi sous sa houlette les neufs conseillers nommés au mois d’octobre dernier dans le cadre de la réorganisation des services de la présidence, qui sont habilités à coordonner avec les membres du gouvernement le suivi des dossiers en cours d’exécution. Peu volubile en public, le chef de cabinet de la présidence occupait déjà depuis trois ans le poste de conseiller juridique du président. À ce titre, il garde un regard plus qu’attentif sur l’élaboration des projets de loi et le fonctionnement des structures judiciaires.

Avant d’accéder au palais d’El Mouradia, Boualem Boualem a longtemps piloté le centre d’écoute téléphonique, l’organe national de prévention et de lutte contre les infractions liées aux technologies de l’information et de la communication et les demandes d’entraides judiciaires étrangères. Il était également chargé de collecter les données utiles à la localisation et à l’identification des auteurs d’infractions, sur autorisation écrite de l’autorité judiciaire et sous son contrôle. Toutes ces fonctions qui ont fait de lui la boîte noire du pouvoir actuel.

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