Ramadan : pourquoi des sélections africaines de football ont choisi d’aller au Maroc

Plusieurs sélections africaines, partiellement ou entièrement composées de joueurs musulmans, ont décidé de se rendre au Maroc lors de la trêve internationale (du 18 au 26 mars), en plein ramadan.

L’attaquant nigérian Victor Osimhen (numéro 9) entouré de ses coéquipiers lors de la finale de la dernière CAN face à la Côte d’Ivoire, le 11 février 2024, au Stade olympique Alassane-Ouattara d’Ebimpé, à 25 km au nord d’Abidjan. © (Photo by FRANCK FIFE / AFP)

L’attaquant nigérian Victor Osimhen (numéro 9) entouré de ses coéquipiers lors de la finale de la dernière CAN face à la Côte d’Ivoire, le 11 février 2024, au Stade olympique Alassane-Ouattara d’Ebimpé, à 25 km au nord d’Abidjan. © (Photo by FRANCK FIFE / AFP)

Alexis Billebault

Publié le 25 mars 2024 Lecture : 4 minutes.

Depuis le 18 mars, treize sélections africaines ont pris leurs quartiers à Rabat, Casablanca et Marrakech pour y passer une grosse semaine, rythmée par les entraînements et les deux matchs amicaux que chacune d’entre elle disputera.

La liste comprend les Comores, le Soudan, la Libye, la Mauritanie et bien sûr le Maroc, entièrement composés de joueurs musulmans. Et d’autres équipes dont une partie de l’effectif est de confession musulmane, comme le Nigeria, le Ghana, l’Ouganda, le Niger, la Guinée-Bissau, le Burkina Faso, le Togo et le Mali (seule l’Angola ne compte aucun joueur musulman, ndlr).

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Certes, la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou le Bénin, qui comptent également des joueurs musulmans, ont décidé de jouer leurs matchs amicaux en France. Mais aux yeux d’autres fédérations africaines, il était préférable de se rendre dans un pays où le ramadan est très largement respecté.

Entraînements et matchs après la rupture du jeûne

« En prenant connaissance du calendrier international et quand j’ai vu que le ramadan allait tomber en plein dans cette période, j’ai discuté avec le président de la Fédération [Saïd Ali Athoumane, ndlr], et nous sommes très vite tombés d’accord sur cette option d’aller au Maroc », explique l’Italien Stefano Cusin, le sélectionneur des Comores.

« De cette façon, poursuit-il, mes joueurs, qui sont tous croyants, seront dans un environnement idéal. Ainsi, c’est beaucoup plus facile de faire les entraînements et jouer nos matchs à 21 ou 22 heures, après la rupture du jeûne. Dans les pays musulmans, les rencontres se disputent tard en période du ramadan. Cela aurait été beaucoup plus difficile en Europe, pour des raisons d’organisation, de faire jouer des matchs aussi tard. »

Installée à Casablanca, l’équipe du Togo n’a pas choisi le Maroc exclusivement pour les mêmes raisons que les Comores, comme le confirme Serge Akakpo, l’ancien défenseur des Éperviers, désormais manager de la sélection nationale.

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La qualité des installations sportives et hôtelières du royaume, la simplification des formalités douanières et la facilité de trouver des adversaires ont prédominé. Même si le paramètre du ramadan a pesé.

« Nous aurions pu jouer en France, comme nous en avions la possibilité. En ce qui concerne le ramadan, pour nos joueurs musulmans, il est vrai que cela est sans doute plus pratique quand ils se restaurent avant le lever du soleil, entre 4 et 5 heures du matin, car il y a d’autres clients de l’hôtel qui sont concernés, et du personnel est disponible. »

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Le Niger a ses habitudes au Maroc

Paulo Duarte, le sélectionneur portugais des Éperviers, a adapté son planning en n’organisant qu’une seule séance d’entraînement en matinée, les autres ayant lieu le soir, à la même heure que les deux matchs organisés face au Niger (22 mars) et à la Libye (26 mars). Les repas en commun ont lieu le soir, les joueurs musulmans n’étant évidemment pas tenus d’accompagner leurs coéquipiers d’une autre confession lors du petit-déjeuner et du déjeuner.

Le milieu de terrain nigérien Ousmane Diabaté juge lui aussi le choix de sa fédération particulièrement judicieux. « Déjà, nous avons nos habitudes au Maroc, puisque nous y jouons souvent nos matchs à domicile, notre stade de Niamey n’étant pas homologué. Et dans cette période particulière du ramadan, le rythme du quotidien n’est pas le même. »

La délégation nigérienne est composés à plus de 95 % de musulmans. « On dort plus tard le matin, on s’entraîne et on joue plus tard le soir, après la rupture du jeûne. Comme autour de nous, beaucoup de gens pratiquent le ramadan, c’est une situation plus favorable. »

Les sélections se sont rassemblées au Maroc le lundi 18 mars, soit une semaine après le début du ramadan. Les premiers effets du jeûne, tels que la fatigue, commencent logiquement à apparaître, et les sélectionneurs doivent en tenir compte.

« On va travailler tactiquement lors des entraînements. Nous ne sommes pas là pour effectuer un gros travail physique. Les joueurs qui font le jeûne peuvent être selon les cas plus ou moins fatigués, même s’ils sont habitués à cumuler compétition et ramadan », reprend Stefano Cusin, déjà confronté à ce type de situation, puisqu’il a également entraîné en Libye, en Palestine et dans le golfe Persique.

Vladimir Petkovic a décidé de faire le ramadan

Le technicien transalpin, qui est catholique, a décidé de jeûner quelques jours lors de ce rassemblement, « afin de partager ce moment avec mes joueurs ». Vladimir Petkovic, le nouveau sélectionneur croato-suisse de l’Algérie et également catholique, est allé encore plus loin. Il a en effet annoncé son intention de jeûner pendant tout le ramadan, « afin d’être à fond dans l’ambiance de ce mois sacré ».

L’Algérie a deux matchs à domicile à son programme, face à la Bolivie (22 mars), qu’elle a remporté 3-2, et à l’Afrique du Sud (26 mars).

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