Algérie : le régime devance l’appel électoral

L’exécutif algérien vient d’annoncer que le scrutin présidentiel se tiendrait en septembre, et non en décembre comme prévu. Une surprise que les observateurs tentent de décrypter.

 © Damien Glez

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Publié le 22 mars 2024 Lecture : 2 minutes.

Dans ses chroniques satiriques, l’humoriste nigérien Mamane évoque le concept d’« élection surprise » qu’il attribue au président-fondateur fictif de sa « République très très démocratique du Gondwana ». Ce n’est pas le jour du scrutin que les Algériens découvriront les bureaux de vote, mais ils ont quand même été surpris en découvrant le rendez-vous de la prochaine présidentielle fixé trois mois avant la date initialement prévue.

C’est ce jeudi 21 mars qu’un communiqué de l’exécutif algérien a annoncé la tenue d’une élection « anticipée » du futur chef de l’État. À l’issue d’une réunion où se sont retrouvés le président actuel de la République algérienne démocratique et populaire, son Premier ministre, les premiers responsables des deux chambres du Parlement, le chef d’état-major de l’armée et le président de la Cour constitutionnelle, la date du 7 septembre 2024 a été retenue, alors que les observateurs escomptaient un jour de décembre. Le quinquennat d’Abdelmadjid Tebboune expire en ce dernier mois de l’année.

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Couper l’herbe sous les pieds ?

Aucun motif n’a été annoncé pour ce changement de calendrier pour le moins surprenant. Le 11 mars, la présidence algérienne évoquait une visite d’État du dirigeant en France « fin septembre, début octobre ». Le 27 février, l’agence officielle algérienne APS avait affirmé que les élections auraient lieu « en temps tel que prévu par la Constitution ».

Certes, à l’heure où un certain nombre de présidents africains tentent de prolonger leurs mandats, la tenue d’une élection en avance ne suscite guère de méfiance spontanée. Il convient toute de même d’interroger le caractère stratégique de la convocation du corps électoral le 8 juin prochain, au moment même où la presse devine une tentative de rebond du Hirak.

S’agit-il pour le régime algérien de prendre de court les écuries politiques d’opposition ? Avocate et militante du mouvement contestataire que l’on croyait essoufflé après la crise sanitaire, Me Zoubida Assoul ne se sera pas laissée surprendre par le calendrier, elle qui s’est déjà déclarée candidate à la prochaine présidentielle.

Écourter le temps du bilan ?

Que s’agit-il d’anticiper ? Âgé de 78 ans, le sortant Abdelmadjid Tebboune reste, lui, muet sur son intention de se représenter ou non. Il devra articuler l’annonce de sa décision – que certains croient deviner positive – avec l’établissement actuel de son bilan par les observateurs de tout poil.

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Des Algériens se plaignent notamment d’une régression des libertés et d’une inflation conjuguée à des pénuries. S’il entend solliciter à nouveau la confiance de ses concitoyens, l’actuel chef de l’État doit garder en mémoire qu’encore vierge de toute gestion présidentielle, il n’avait gagné le dernier scrutin qu’avec 58 % des voix, après la surprise de la démission d’Abdelaziz Bouteflika et dans un contexte de forte abstention.

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