Le nouvel ambassadeur de France ne croit pas aux « réseaux occultes » de la Françafrique
Dans des interviews publiées dans la presse sénégalaise, le nouvel ambassadeur de France à Dakar, Nicolas Normand, tient à souligner la différence de style entre lui et son prédécesseur, Jean-Christophe Rufin.
"Je n’ai pas le sentiment de marcher sur des oeufs", a déclaré à la presse sénégalaise le nouvel ambassadeur de France à Dakar, Nicolas Normand, dont le prédécesseur, Jean-Christophe Rufin, a eu des relations parfois tendues avec le président sénégalais Abdoulaye Wade.
"Jean-Christophe Rufin a sa personnalité, c’est un écrivain, un académicien. Il a un charisme important. Moi, je suis un fonctionnaire, un diplomate, un spécialiste de l’Afrique", a indiqué M. Normand dans une interview au quotidien privé sénégalais "L’Observateur", publiée lundi.
M. Rufin, médecin et écrivain, avait critiqué en juillet, peu après son départ de Dakar, un ministère français des Affaires étrangères "sinistré" et "complètement marginalisé" par le palais présidentiel de l’Elysée. Il avait également estimé que la candidature de Wade à la présidentielle de 2012 au Sénégal, alors qu’il sera âgé de 86 ans, était une "curiosité".
"L’ambassadeur de France est impartial"
Evoquant Karim Wade, fils du président Wade et ministre chargé des Infrastructures, le nouvel ambassadeur estime que leurs "relations sont avant tout professionnelles". "On m’a fait un procès d’intention sur ce sujet", relève-t-il. L’opposition sénégalaise accuse le président Wade de préparer sa succession par son fils Karim et avait affirmé fin juin dans une "lettre ouverte" au président français Nicolas Sarkozy, que les conditions de la nomination de Nicolas Normand à Dakar éveillaient la "suspicion".
Elle disait redouter que M. Normand ne soit "accommodant" avec Abdoulaye Wade à l’approche du scrutin présidentiel. L’ambassadeur a fait part de son intention de rencontrer "des responsables de l’opposition très prochainement". "Il est évident que l’ambassadeur de France est quelqu’un d’impartial", affirme-t-il.
A propos de la Françafrique, il estime que c’est "une erreur de penser qu’il y a des réseaux occultes", ce qu’on appelle la Françafrique étant plutôt selon lui "une façon d’exprimer la complexité des relations entre la France et l’Afrique". Dans une autre interview également publiée lundi par le quotidien gouvernemental Le Soleil, M. Normand juge que les relations entre Paris et Dakar "ne sont pas tumultueuses". "Non, elles n’ont jamais été tumultueuses, très honnêtement". Avant d’arriver à Dakar, Nicolas Normand, 59 ans, a été ambassadeur à Bamako (2002-2006), puis à Brazzaville (2006-2009).
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