« À Gaza, on meurt pour une boîte de thon »

Frappes israéliennes dans le Sud, difficultés à acheminer de l’aide, système de santé anéanti… Les pressions internationales en faveur d’un cessez-le-feu se font plus insistantes.

Palestiniens constatant les dégâts causés par les bombardements israéliens qui ont eu lieu dans la nuit, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 mars 2024.

Palestiniens constatant les dégâts causés par les bombardements israéliens qui ont eu lieu dans la nuit, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 mars 2024.

Publié le 27 mars 2024 Lecture : 3 minutes.

Dans la nuit du mardi 26 au mercredi 27 mars, le sud de la bande de Gaza a été le théâtre d’intenses bombardements israéliens, et ce malgré les pressions internationales en faveur d’un « cessez-le-feu immédiat » dans ce territoire palestinien menacé de surcroît par la famine.

Une boule de feu a illuminé le ciel au-dessus de Rafah après une frappe aérienne sur cette ville de la pointe sud de Gaza où s’entassent 1,5 million de Palestiniens, la majorité déplacés par les affrontements qui font rage depuis des mois entre l’armée israélienne et le Hamas.

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La réaction de la Maison-Blanche

Mercredi 27 mars, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de 3 morts et de 12 blessés lors de frappes nocturnes de l’aviation israélienne dans le secteur de Rafah.

Signe d’une situation humanitaire désespérée, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé, le 26 mars, que 18 personnes étaient mortes, dont 12 noyées en mer, en essayant de récupérer de la nourriture parachutée, et que six autres avaient été tuées dans des bousculades survenues dans les mêmes circonstances. Le Hamas a appelé les pays tiers à cesser ces opérations et a demandé l’ouverture des accès terrestres pour que l’aide humanitaire, strictement contrôlée par Israël, puisse être acheminée.

L’aide, très insuffisante eu égard aux besoins immenses des 2,4 millions d’habitants, arrive principalement depuis l’Égypte via Rafah, mais parvient difficilement dans le nord du territoire, où des enfants sont morts de malnutrition et où les habitants en sont réduits à observer les parachutages et à se ruer sur l’aide quand elle atterrit.

« Les parachutages sont l’un des nombreux moyens que nous utilisons pour fournir l’aide dont les Palestiniens de Gaza ont désespérément besoin et nous continuerons à l’utiliser », tout en « travaillant sans relâche pour accroître l’assistance humanitaire par voie terrestre », a plaidé la Maison-Blanche. Annalena Baerbock, la ministre allemande des Affaires étrangères, en visite en Israël, a demandé que le passage des camions soit facilité.

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Famine à Gaza

« Des gens meurent pour une boîte de thon », lance un Palestinien, Mohamad al-Sabaawi, en brandissant l’unique boîte qu’il a pu récupérer. « Nous attendons les largages d’aide, nous sommes prêts à mourir pour obtenir une boîte de haricots, que nous partageons ensuite entre 18 personnes », ajoute un autre Palestinien.

Le 26 mars, selon des témoins, les troupes israéliennes encerclaient le centre hospitalier al-Nasser dans la ville de Khan Younès (Sud). Un kilomètre plus loin, l’hôpital al-Amal, est « hors service » et « a complètement cessé de fonctionner », a indiqué le Croissant-Rouge palestinien ce même jour. « La fermeture forcée de l’hôpital al-Amal, l’une des rares structures médicales qui restait opérationnelle dans le Sud, met en danger d’innombrables vies », a dénoncé la Fédération internationale des sociétés de la Croix-rouge et du Croissant-rouge (FICR), jugeant que l’état du système de santé dans le nord du territoire est « catastrophique ».

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L’offensive israélienne dans la bande de Gaza a fait 32 414 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas. D’après Israël, il reste 130 otages aux mains du Hamas, dont 34 seraient décédés.

Israël furieux contre Washington

Le 25 mars, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une première résolution appelant à un cessez-le-feu à Gaza, par 14 voix pour et une abstention, celle des États-Unis qui avaient jusque-là bloqué trois projets de résolution en ce sens.

Furieux contre son allié américain, Israël a annulé la visite d’une délégation attendue à Washington pour discuter, entre autres, d’une éventuelle opération terrestre à Rafah, à laquelle l’administration Biden s’oppose, préconisant plutôt des mesures ciblées contre des dirigeants du Hamas.

Le 26 mars, le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a jugé « trop élevées » les pertes civiles et que l’aide humanitaire était « beaucoup trop faible » dans la bande de Gaza, alors qu’il s’apprêtait à accueillir au Pentagone son homologue israélien, Yoav Gallant.

Le Qatar – pays médiateur avec les États-Unis et l’Égypte – a affirmé ce même jour que les négociations indirectes entre le Hamas et Israël portant sur une trêve à Gaza ainsi que sur un échange d’otages et de prisonniers palestiniens se poursuivaient, bien que les deux belligérants se renvoient la responsabilité de l’absence de progrès.

Netanyahou critiqué

À Tel-Aviv, des familles d’otages ont manifesté le 26 mars dans la soirée pour exhorter le gouvernement de Benyamin Netanyahou à conclure un accord. « La délégation israélienne […] doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour parvenir à un accord et ramener tous les otages chez eux. Assez de s’occuper des petits détails ! Mettez-vous au travail, et ramenez-les à la maison tout de suite ! », a déclaré sur place Ayala Metzger, belle-fille de Yoram Metzger, otage du Hamas.

(Avec AFP)

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