Gaza : face à la famine « imminente », la CIJ presse Israël de cesser ses restrictions sur l’aide humanitaire

La déclaration de la Cour internationale de justice, basée à La Haye, survient alors que Tel Aviv prépare une offensive terrestre d’ampleur sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où sont réfugiés 1,5 million de Palestiniens.

Deux enfants dans les rues de la ville de Gaza, détruite par des bombardements israéliens, le 28 mars 2024. © AFP.

Deux enfants dans les rues de la ville de Gaza, détruite par des bombardements israéliens, le 28 mars 2024. © AFP.

Publié le 29 mars 2024 Lecture : 3 minutes.

L’offensive militaire israélienne contre le mouvement islamiste palestinien Hamas se poursuit ce 29 mars dans la bande de Gaza alors que la Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné à Israël d’assurer « une aide humanitaire de toute urgence » à la population civile sur place, menacée de famine.

Les affrontements des derniers mois ont aussi exacerbé les tensions régionales entre Israël et « l’axe de la résistance », rassemblement de mouvements armés soutenus par son ennemi iranien et comprenant notamment le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais et les Houthis yéménites.

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Dans la bande de Gaza, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de « dizaines de morts » lors de combats et de raids aériens notamment à Rafah (sud), ville considérée par Israël comme le dernier grand bastion du Hamas et où s’entassent 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité déplacés par les hostilités.

Le Hamas s’est félicité de la décision du CIJ

Outre le bilan humain et ces destructions, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien assiégé, où la majorité des 2,4 millions d’habitants sont désormais menacés de famine selon l’ONU qui déplore une aide insuffisante pour répondre aux besoins de la population.

« Il n’y a pas un autre endroit dans le monde où un aussi grand nombre de personnes font face à une famine imminente », a résumé sur X (anciennement Twitter) le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.

Israël doit « veiller sans délai » à ce que soit assurée « sans restriction et à grande échelle, la fourniture par toutes les parties intéressées des services de base et de l’aide humanitaire requis de toute urgence », a déclaré le 28 mars la Cour internationale de justice (CIJ) basée à La Haye.

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Saisie par l’Afrique du Sud, la juridiction avait ordonné en janvier à Israël de faire tout son possible pour empêcher un « génocide » dans le territoire palestinien, Israël jugeant « scandaleuses » de telles accusations.

Dans la nuit, le Hamas s’est félicité de la décision de la CIJ et a demandé sa « mise en œuvre immédiate » afin qu’elle ne devienne pas « lettre morte ».

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Israël « se prépare à entrer à Rafah »

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait plus tôt réaffirmé le 28 mars sa détermination à lancer une offensive terrestre à Rafah en dépit des pressions internationales, y compris des États-Unis, contre une opération d’envergure sur place.

« Nous tenons le nord de la bande de Gaza ainsi que Khan Younès (sud). Nous avons coupé en deux la bande de Gaza et nous nous préparons à entrer à Rafah », a-t-il dit à des familles de soldats otages dans le territoire palestinien.

Les États-Unis, principal allié d’Israël qui redoute le bilan humain d’une telle opération, avaient demandé récemment l’envoi d’une délégation israélienne à Washington pour discuter de ce projet. Mais Israël, furieux de l’abstention des États-Unis qui a permis l’adoption récente d’une résolution à l’ONU réclamant un « cessez-le-feu immédiat » à Gaza, a annulé la visite. Israël a finalement fait savoir à Washington qu’il aimerait trouver « une nouvelle date pour organiser la réunion » sur Rafah, a indiqué la Maison- Blanche.

En parallèle de ces éventuelles discussions à Washington, le Qatar – un médiateur avec l’Égypte et les États-Unis – accueille cette semaine des négociations indirectes entre Israël et le Hamas sur un projet de trêve de plusieurs semaines doublée d’un échange d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens.

Humiliations

L’attaque du Hamas le 7 octobre en Israël a entraîné la mort d’au moins 1.160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte établi à partir de données officielles israéliennes. D’après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes. En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas  et lancé une offensive qui a fait à 32 552 morts, majoritairement des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L’armée israélienne, qui accuse les combattants du Hamas de se cacher dans les hôpitaux, poursuit ses opérations dans le complexe hospitalier al-Chifa, dans la ville de Gaza (nord), disant avoir « éliminé environ 200 terroristes » dans le secteur depuis le 18 mars. Les troupes israéliennes « ont évacué les civils, les patients et les équipes médicales vers des installations médicales alternatives », assure l’armée.

« Les forces israéliennes ont obligé des hommes à se déshabiller et ne garder que leurs sous-vêtements […] J’en ai vu d’autres les yeux bandés qui devaient suivre un char au milieu d’explosions », a indiqué Karam Ayman Hathat, un Palestinien de 57 ans qui habite dans un immeuble près de l’hôpital.

(avec AFP)

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