À qui profite l’explosion du marché africain des jeux sur smartphone ?

Sur un marché en pleine expansion, grâce notamment à l’amélioration de la connectivité, les développeurs africains peinent encore à se faire une place face aux acteurs chinois et européens. C’est l’enseignement d’un récent sondage auprès de gamers au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Cameroun.

En 2022, 200 millions d’Africains ont joué sur leur téléphone portable, selon DataSparkle. © ISSOUF SANOGO / AFP

En 2022, 200 millions d’Africains ont joué sur leur téléphone portable, selon DataSparkle. © ISSOUF SANOGO / AFP

maylys dudouet portrait

Publié le 8 avril 2024 Lecture : 3 minutes.

En décembre 2022, 200 millions d’Africains ont joué sur leur téléphone portable, soit une hausse de 18 % par rapport au mois de janvier de la même année, selon une étude de DataSparkle, un cabinet chinois spécialisé dans l’analyse de données sur les marchés émergents. Et le phénomène ne semble pas prêt de s’arrêter. Cette même année 2022, le marché africain des jeux vidéo avait généré 862,8 millions de dollars de revenus, dont 778,6 millions via les jeux sur smartphone, selon le cabinet Newzoo. Ce dernier prophétisait, en juillet dernier, que l’année 2024 serait celle qui verrait l’industrie du gaming en Afrique subsaharienne dépasser pour la première fois la barre du milliard de dollars de revenus générés.

L’écosystème tech africain profite-t-il de cette manne en constante expansion ? Une étude, réalisée par Game Hub Sénégal, donne un début de réponse. Le sondage, réalisé en juillet et août 2023 auprès de 785 gamers, se concentre sur les habitudes de consommation des internautes sénégalais, camerounais et ivoiriens. On y apprend notamment que si les Sénégalais et les Ivoiriens sont plus friands de jeux vidéo de sport, les Camerounais sont, eux, plus prompts à se lancer dans des jeux d’aventure. Les joueurs sont aussi, très majoritairement, des hommes – les joueuses ne seraient que 20 % au Cameroun, 12 % au Sénégal et un peu moins de 9 % en Côte d’Ivoire.

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Accroissement du nombre de smartphones et 5G

Surtout, les sondés exposent les raisons qui les ont poussés, pour ceux qui l’ont fait, à dépenser de l’argent pour l’un des jeux auxquels ils ont joué au cours de l’année. Sur ce front, les Ivoiriens se laissent plus facilement tenter par l’achat en ligne (57 %) que les Camerounais (52 %) et les Sénégalais (40 %). Au total, 42 % ont mis la main à la poche pour un jeu payant, 18 % parce qu’ils voulaient acheter des avantages pour passer un niveau supplémentaire, et 11 % parce qu’ils voulaient « avoir un avantage » sur les autres joueurs en ligne.

À l’heure où les gamers africains consacrent en moyenne 12 heures par mois à jouer sur leur téléphone, le succès de cette industrie se lit aussi dans les statistiques de téléchargement : en 2022, les jeux représentaient 36 % des 500 applications enregistrant le plus grand nombre d’utilisateurs sur le continent. Tandis que les chiffres du cabinet Newzoo font état d’une croissance continue en 2023 – dont le Moyen-Orient et l’Afrique représentaient 4,7 % des recettes totales au niveau mondial – sur un marché qui a crû de 4,7 % par rapport à l’année précédente.

L’analyse du sondage réalisé par Game Hub Sénégal permet en outre de confirmer la prédominance écrasante des utilisateurs d’Android sur le continent, comme le montre le graphique ci-dessous.

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Il reste encore de nombreux investissements pour assurer la connectivité sur le continent, où les problématiques de stabilité des installations surgissent régulièrement – quand il ne s’agit pas de coupures des réseaux décidées pour des raisons politiques. Il est cependant indéniable que cette croissance exponentielle du marché des jeux vidéo a été permise par l’amélioration de la connectivité africaine, notamment via le déploiement de la 5G et l’accroissement du nombre de smartphones.

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La Chine se taille la part du lion

Kayfo Games au Sénégal, Maliyo Games au Nigeria, Kiro’o Games au Cameroun… Partout, les start-up africaines sont à l’avant-garde de ce marché plus que prometteur. Mais s’ils rivalisent d’inventivité, notamment dans le champs de l’africanisation des thématiques ou l’univers des jeux qu’ils développent, les créateurs africains restent encore trop marginalisés. Bien que les données manquent pour mesurer exactement la part des jeux créés sur le continent qui trouvent leur chemin jusque sur les téléphones des gamers, c’est la Chine qui se taille indéniablement la part du lion, avec près de 40 % des titres présents dans le top 100 des jeux les plus joués en Afrique.

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