Gaza : « des progrès significatifs » dans les négociations, Israël prépare son offensive sur Rafah

Les négociations entre le Hamas et Israël se poursuivent via les médiateurs internationaux que sont l’Égypte, les États-Unis et le Qatar. En parallèle, Tsahal s’est retirée de Khan Younès pour préparer son offensive sur ce qu’elle estime être le dernier bastion de l’organisation islamiste.

Des réfugiés palestiniens marchent sur la route à Khan Younès, le long des bâtiments détruits par des frappes israéliennes, le 7 avril 2024, dans le sud de la bande de Gaza. © Yasser Qudih / Middle East Images / Middle East Images via AFP.

Des réfugiés palestiniens marchent sur la route à Khan Younès, le long des bâtiments détruits par des frappes israéliennes, le 7 avril 2024, dans le sud de la bande de Gaza. © Yasser Qudih / Middle East Images / Middle East Images via AFP.

Publié le 8 avril 2024 Lecture : 4 minutes.

La ville de Rafah, où s’entassent près de 1,5 million de Palestiniens, se prépare ce 8 avril à une possible offensive de l’armée israélienne, après que des médiateurs internationaux se sont retrouvés au Caire pour négocier une trêve dans la bande de Gaza, en ce septième mois de guerre.

La veille, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a indiqué que les forces de son pays « se préparent à la poursuite de leurs missions […] dans la zone de Rafah », ville frontalière de l’Égypte à la pointe sud de Gaza où sont regroupés près de 1,5 million de Palestiniens, en majorité des déplacés.

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Quelques heures plus tôt, les troupes d’Israël s’étaient retirées de Khan Younès, autre ville du sud du territoire côtier, épicentre de combats, afin « de se préparer à des futures opérations » selon l’armée. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a réaffirmé sa détermination à éradiquer le Hamas « dans toute la bande de Gaza, y compris à Rafah », ville qu’il présente comme le dernier grand bastion du mouvement islamiste.

Alliés historiques d’Israël, les États-Unis ont à plusieurs reprises fait part de leur désapprobation quant à une éventuelle opération à Rafah, jugée trop coûteuse en vies humaines.

Des Palestiniens de retour à Khan Younès

Dans la journée du 7 avril, des dizaines de Palestiniens réfugiés à Rafah ont pris le chemin du retour à Khan Younès, aussitôt après le retrait israélien, selon des images de l’AFP. À pied, en voiture ou sur des charrettes tirées par des ânes, des photos de l’AFP montrent des hommes et des femmes esseulés, marcher dans une ville devenue un champ de ruines.

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« Toutes les rues ont été rasées au bulldozer. Et l’odeur… J’ai vu des gens creuser et sortir les corps », témoigne auprès de l’AFP Maha Taher, 38 ans, mère de quatre enfants, revenue ce jour-là à Khan Younès.

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« Deux jours pour finaliser les termes de l’accord »

Les annonces de l’armée israélienne sont intervenues en parallèle d’une nouvelle série de négociations indirectes au Caire entre le Hamas et Israël via les médiateurs internationaux que sont l’Égypte, les États-Unis et le Qatar.

Une source citée ce 8 avril par Al-Qahera News, média proche des services de sécurité égyptiens, a fait état de « progrès significatifs » en matière de rapprochement des points de vue sur plusieurs points de litige de l’accord en discussion. Les délégations du Qatar et du Hamas sont parties du Caire et y reviendront « sous deux jours pour finaliser les termes de l’accord », indique par ailleurs le média. Les délégations américaine et israélienne doivent, elles, quitter la capitale égyptienne « dans les prochaines heures » et des consultations vont se poursuivre au cours des prochaines 48 heures, explique la même source.

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Deux jours plus tôt, le Hamas a assuré qu’il ne renoncerait pas à ses exigences pour un accord : « un cessez-le-feu complet », un retrait israélien de Gaza, un retour des déplacés et un accord « sérieux » d’échange d’otages et de prisonniers palestiniens. Ce à quoi Netanyahou a rétorqué le lendemain qu’il n’y aurait pas de cessez-le-feu sans la libération de tous les otages.

Famine « imminente »

Plus de 250 personnes ont été enlevées le 7-Octobre à la suite de l’attaque menée par le Hamas, et 129 sont toujours détenues à Gaza, dont 34 sont mortes d’après des responsables israéliens. Le 7 avril, des milliers d’Israéliens étaient massés devant le siège du Parlement à Jérusalem, pour soutenir les familles des captifs retenus à Gaza. « À vous, qui êtes encore là-bas, tenez bon », a dit sur scène Agam Goldstein, 17 ans, otage libérée fin novembre.

Du côté palestinien, la guerre lancée en représailles par Israël a coûté la vie à 33 175 personnes à Gaza, la plupart des civils, selon le Hamas. Outre le bilan humain et les destructions, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire où 2,4 millions de Palestiniens sont menacés de famine, selon l’ONU. Strictement contrôlées par Israël, les aides acheminées par voie terrestre via l’Egypte arrivent au compte-gouttes.

Plusieurs agences des Nations unies et des organisations humanitaires ont qualifié de « plus que catastrophique » la situation à Gaza. « Les maisons, écoles, hôpitaux sont en ruines. Les enseignants, médecins, humanitaires sont tués. La famine est imminente », a fustigé sur X (anciennement Twitter) la cheffe de l’Unicef, Catherine Russell.

Après la mort de sept travailleurs humanitaires – dont une Australienne – de l’ONG américaine World Central Kitchen dans une frappe israélienne le 1er avril, Canberra a chargé lundi un ancien responsable militaire de travailler avec Israël pour garantir la « transparence » de l’enquête.

La guerre a également des répercussions à la frontière entre le Liban et Israël. L’armée israélienne a affirmé dimanche avoir achevé une « nouvelle phase » dans sa préparation à « la guerre » à cette frontière où les échanges de tirs meurtriers avec le Hezbollah s’intensifient.

(avec AFP)

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