Un journaliste de Jeune Afrique expulsé d’Algérie

Ce 13 avril, notre collaborateur Farid Alilat, de nationalité algérienne, a été expulsé de son propre pays, où il se rendait pour le compte de Jeune Afrique. Aucune explication n’a été fournie par les autorités d’Alger.

Portrait du journaliste Farid Alilat, en février 2024. © BRUNO LEVY pour JA

Portrait du journaliste Farid Alilat, en février 2024. © BRUNO LEVY pour JA

Publié le 15 avril 2024 Lecture : 2 minutes.

Farid Alilat n’a pas pu sortir de l’aéroport d’Alger. Notre confrère était arrivé en Algérie depuis Paris le 12 avril en fin d’après-midi, alors qu’il devait effectuer dans son pays une mission pour le compte de Jeune Afrique, journal pour lequel il travaille depuis 2004. Il a été appréhendé puis interrogé par les agents de la police aux frontière et de la police judiciaire, avant d’être expulsé dans la matinée du 13 avril.

De nationalité algérienne et simple résident en France, Farid Alilat a été longuement questionné sur son passé, sur la ligne éditoriale de Jeune Afrique, ou sur les rencontres effectuées par lui en Algérie au fil des années. Son ordinateur ainsi que ses deux téléphones portables ont également été fouillés, alors qu’aucun juge ne l’avait autorisé. Les différents policiers l’ayant interrogé ont, surtout, insisté sur divers articles publiés par Jeune Afrique.

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« Je comprends que mes articles dérangent »

Farid Alilat ne fait pourtant l’objet d’aucune poursuite judiciaire en Algérie. Bénéficiant de la seule nationalité algérienne, il s’est rendu trois fois dans son pays en 2023 dans le cadre de son travail, son dernier séjour remontant au mois de décembre dernier. Il était alors entré sur le territoire algérien sans souci, avant de rentrer en France une semaine plus tard, également sans avoir été inquiété ni même interrogé.

Ce 13 avril, après une nuit dans les locaux de la police à l’aéroport d’Alger, Farid Alilat, ex-directeur du quotidien Liberté en Algérie, a donc été expulsé de son pays, sans aucune justification verbale ou écrite des autorités. Tout juste lui a-t-on signifié que cette décision avait été prise « sur instructions ». Jeune Afrique est par ailleurs interdit de fait depuis plusieurs années en Algérie, seul un quota de 75 exemplaires de notre magazine, destiné aux diverses institutions, étant autorisé à l’importation.

« Je comprends que mes articles dérangent et qu’on ne souhaite pas me voir venir en Algérie pour effectuer mon travail de journaliste, a déclaré Farid Alilat. Mais cette décision va au-delà de mes articles. Ma présence demain en Algérie même pour des raisons privées et familiales est un risque majeur pour moi et pour mes proches. Aujourd’hui, on m’a expulsé de mon pays en tant que journaliste et aussi en tant que citoyen algérien. Demain, que va-t-il se passer si je décide d’y retourner ? »

La direction de Jeune Afrique et la Société des journalistes de Jeune Afrique dénoncent cette nouvelle atteinte à la liberté de la presse et au libre exercice du métier de journaliste.

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